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Album - Trope – Eleutheromania

Publié le 02 février 2022 par Concerts-Review
Album - Trope – Eleutheromania

T'es bien assis, t'es pas la gueule de bois, des chiffres et des lettres ( surtout) ne te donne pas la nausée, t'as fait du latin-grec, tout va bien, alors... on a pris contact avec Capelovici, il nous a éclairé: Trope = un argument que les sceptiques grecs utilisaient pour démontrer l'impossibilité d'atteindre une vérité certaine et pour conclure en conséquence à la suspension du jugement. Autre possibilité: une figure par laquelle un mot prend une signification autre que son sens propre.

Voilà pour le nom du groupe californien.

Leur premier album a reçu comme intitulé Eleutheromania .

Diderot, oui, celui de l'Encyclopédie et de 'Jacques le Fataliste et son maître' est aussi l'auteur du poème 'Les Éleuthéromanes' écrit à la gloire de la liberté, puisque "Eleutheromania is an intense and irresistible desire for freedom", l'extrait le plus cité étant " La nature n'a fait ni serviteur, ni maître. - Je ne veux ni donner ni recevoir de lois".

Parenthèse fermée, elle servait à t'indiquer qu'on n'a pas glissé dans le lecteur un disque bricolé par des analphabètes.

On ne trouve aucune trace de Trope avant 2015, depuis 2016 le groupe passe son temps dans les studios pour enregistrer des démos, il faut attendre l'automne 2021 pour voir et entendre le fruit de leur travail repris sur le premier album "Eleutheromania".

En 2019 ils ont tourné en Europe comme support pour King's X, ils ont participé au Summerfest .

En 2021, ils se sont tapés quelques dates en Europe de l'Est.

2022 devrait être l'année du breakthrough.

Les protagonistes: la figure centrale, Diana Celes Studenberg on vocals, elle officie également au sein de Divine Astronaut et s'exprime en tant qu'actrice et voice actor/Joe Ciccia - Guitar/ Moonhead - Guitar and producer, fait partie du projet Divine Astronaut / Todd Demma - Bass ( un gars qui a tenu les baguettes pour Abby Travis ou Black Francis e a ) / Sasha Siegel (Stone River) - Drums.

Kris Pearn qui est crédité pour l'artwork doit être un fan de Hipgnosis qui a signé la pochette de' Animals' pour Pink Floyd. On retrouve tous les éléments de l'illustration d'Animals pour parer l'album de Trope: un bâtiment ressemblant comme deux gouttes d'eau à la London's Battersea Power Station, le ciel nuageux, mais au lieu d'apercevoir dans les cieux couverts un seul cochon échappé de l'Animal Farm de George Orwell, Kris en a lâché une petite dizaine, ces braves ongulés ailés se déplacent dans les airs à la manière d'une colonie d'oies sauvages fuyant la métropole fumante et puante.

Autre différence avec l'oeuvre d'art d' Hipgnosis, un soleil resplendissant darde ses rayons brillants donnant un caractère moins sinistre à l'usine représentée en pastel gris.

Les agneaux ne vont pas mourir à Broadway, les ' Lambs' qui nous occupent sont amorcés par une ligne de basse répétant un motif harmonieux avant l'entrée en piste de la voix caractéristique de Diana, guitares et batterie se lancent dans un dialogue courtois, au bout de deux minutes le son s'alourdit pour prendre des tonalités Tool.

Coup de frein pour prendre un virage serré, redémarrage et montée en puissance pour partir crescendo vers un final sentant la poudre.

C'est pourtant doux un agneau...

T'as pas bien capté le message.... Dressed like lambs but wolves with teeth caring for no one other than themselves...

Le second morceau est servi sur un joli 'Plateau' aux décorations progressive metal , le timbre de la chanteuse, dont les parents affichent des origines multiples, allemande, belge, polonaise pour le père, espagnole et marocaine pour la maman, prend des intonations Amy Lee ( Evanescence), musicalement également le groupe de Little Rock peut avoir agi comme source d'inspiration, au même titre que A Perfect Circle et dans une moindre mesure les Allemands de Guano Apes.

Gros travail de Sasha aux drums tandis que les guitares alternent accords clairs et riffs virulents, comme la mécanique du flux et reflux des eaux en période de pleine lune.

Pas d'accalmie en vue avec 'Brearch' , ça fouette sec, avec un riff de guitare hyper mordant dès l'entame, sortez les menottes, semble proposer Diana, tandis que les copains continuent à tirer tous azimuts.

Cette poudre a l'odeur RATM , du groove metal à l'ossature rythmique d'une efficacité irréprochable pour accompagner le chant musclé de la madame.

La seule reprise de l'album, ' Shout ' reçoit un traitement nettement plus sombre que l'original de Tears for Fears.

T'as vu le chat entamer une séance de headbanging puis vint le bridge, mélodieux, et doté d'un choeur féminin précieux.

La cover a impressionné Curt Smith qui a partagé le titre sur Twitter.

Pour la suivante, 'Surrogate' ( a song about addiction, confie Diana) , Trope a emprunté l'outillage utilisé par Tool pour fabriquer un morceau massif, écrasant, subversif, dans lequel les changements de rythme se succèdent et finissent par te broyer.

Le thème développé dans 'Hyperextend' est celui de l'impact que certaines relations peuvent avoir sur ton esprit .

'Hyperextend' came from a deep need to make my voice heard...We don't need to hyperextend ourselves to generate a version of reality that doesn't exist...

Musicalement la plage trempe à nouveau dans un bain progressive metal affichant quelques boursouflures fusion comme chez Pain of Salvation.

T'en apprends des choses avec Trope, ainsi ' Pareidolia', t'as fouiné, t'as trouvé, t'as collé: Connaissez-vous la paréidolie ? C'est une sorte d'illusion d'optique qui vous donne l'impression de voir un visage au beau milieu des nuages ou sur un objet de la vie quotidienne..

Sont forts, les Grecs, tout comme Trope qui nous décoche une flèche en plein coeur avec ce titre bouillonnant et démonstratif, mené tambour battant. Parlons en des tambours, Sasha Siegel nous gratifie d'un solo baroque sur fond de sirène acerbe, Diana scande ses lyrics sur un tempo saccadé et en arrière-plan les guitares tissent une toile tantôt métallique, tantôt blindés en goguette.

Le patron voulait de l'efficience, il est servi, faudra penser à augmenter le salaire des besogneux!

Démarrage détendu pour ' Planes', pas de vent, pas de pluie, piste dégagée, le décollage se déroule sans anicroches, le bruit des réacteurs ne va pas effrayer Yannick Jadot et ses copains pour lesquels réduire l'empreinte carbone est un cheval de bataille.

Quoi, les envoyer au Qatar, car avec 91,35 % le pays est largement en tête du classement des mauvais élèves.

Sinon, ' Planes' ne pollue pas et s'affirme être un des morceaux les plus mélodieux de la plaque.

Ventre à terre, la basse amorce 'Privateer', après la mise en route de l'alarme, la plage, robuste, s'enflamme, portée par des guitares en mode overdrive, un jeu de batterie athlétique et menaçant, sur lesquels se greffe une voix à la fois distincte et inquiétante.

Faut pas s'attendre à des concessions ou à des cadeaux pour les plus démunis, ça besogne à la cravache.

' Seasons Change' termine la cavalcade en douceur, annonçant des journées plus lumineuses, et, peut- être, une lueur d'espoir.

Un debut album plus que prometteur pour un band annonçant un North - American tour au printemps.


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