Découvrir un nouveau roman de cette auteure japonaise, c'est toujours un plaisir immense.
Elle écrit moins désormais et son oeuvre n'est pas entièrement traduite en français mais quelle extase à chaque fois qu'un nouveau titre paraît.
Les petites boîtes qu'elle nous présente ici sont mystérieuses, coincées au fond d'une ancienne école maternelle désaffectée qu'habite la narratrice. Les enfants ont tous disparus physiquement mais ils continuent d'y vivre, comme des présences fantômatiques, à l'intérieur de ces réceptacles en verre. Leurs parents y suivent ainsi leurs vies comme si elles continuaient de se dérouler selon le temps matériel. Et parfois la nuit ils se rassemblent sur une colline et attendent que le vent arrive afin d'entendre le son produit par les restes physiques des enfants morts sculptés et accrochés à leurs oreilles. Il y a aussi ce travail de la narratrice qui consiste à transcrire les lettres d'amour que reçoit cet homme dont les paroles sont toujours chantées. Et d'autres personnes encore qui, écrasées, ramassées, contraintes, survivent au milieu de cette mort régnante.
Le plus fabuleux c'est que tandis qu'elle en dit toujours moins (à peine 200 pages ici), Yôko Ogawa semble nous offrir des clés afin de mieux comprendre ses textes précédents que l'on souhaite donc déjà redévorer. Ses thèmes fétiches y sont magnifiés et approfondis avec une légèreté très sombre qui lui est propre. Un livre unique vers lequel je reviendrai souvent. Car il suggère tellement sur la mort et donc aussi sur la vie. Un chef d'oeuvre à chérir en attendant le prochain!
Petites boîtes - Yôko Ogawa - Traduit du japonais par Sophie Refle - Actes Sud - 2022