La semaine de l’ouverture des Jeux Olympiques, douze salles de cinéma françaises affichent La môme Xiao, le premier long métrage de Tao Peng. La môme Xiao raconte l’histoire d’un couple qui achète 1 000 yuans (94 euros) une fillette de onze ans, incapable de marcher, pour la faire mendier, et ainsi gagner sa vie.
Sur fond bruyant de petit tracteur taxi, le couple arrive dans une campagne chinoise reculée. Reçu par un oncle, caïd du business du trafic d’enfants, l’homme et la femme sont économes de mots. Atmosphère miteuse, caméra subjective qui filme en suivant au plus près les dos porteurs de la môme Xiao, rebaptisée ” Petit Papillon “. Transportée lentement, exhibée aux carrefours, elle rapportera quelques billets. Econome d’action, Tao Peng, qui est aussi le scénariste et le monteur du film, nous présente la pauvreté et les crimes qu’elle engendre : trafics d’enfants mendiants, trafics d’organes. Ce ” docu-drama “, entre fiction et documentaire, visages fermés filmés en gros plans, absences de longs dialogues, silences pesants, nous révèlent des corps dans leur lourdeur, la résignation de la môme, la charité, la pesanteur d’une pauvreté qui fait d’humbles paysans de grands criminels. Film poignant sur une forme d’esclavage contemporain, La môme Xiao se termine par le bruit ininterrompu du trafic routier et le regard mutique de la très remarquable HongQifa, interprète majuscule en mode mineur.
En complément, on se reportera aux articles élogieux de la presse française et au dossier de presse de Zootrope films, où le réalisateur dit paradoxalement tout son espoir…