Quatrième de couverture :
Ils sont tournés les uns vers les autres. Ils s’observent et s’écoutent. Ils s’échangent des idées, des armes, de l’argent ou des femmes. Dans cet univers clos réservé aux hommes, le pouvoir se relaie et se perpétue à la façon d’une chorégraphie mortifère. Le boys club n’est pas une institution du passé. Il est bien vivant, tentaculaire: État, Église, armée, université, fraternités, firmes… et la liste s’allonge.
À la manière d’une chasse à l’image, c’est dans les représentations au cinéma et à la télévision que Martine Delvaux le traque. Véritable plongée en eaux noires, ce livre nous invite à considérer l’entre-soi des hommes comme un phénomène régressif. Un dispositif à profaner, déconstruire, refuser, parce que nos vies comptent.
Pour une fois, j’ai lu un livre féministe. Il m’a fait un peu froid dans le dos, un peu peur, je n’y ai pas tout compris parce qu’une série de références m’étaient inconnues mais je vais essayer de vous en parler un peu.
C’est une remarque sans gêne (et sans génie) faite par un homme lors d’une conférence qui a poussé Martine Delvaux, écrivaine et militante féministe, prof de littérature à Montréal, à analyser la toute-puissance des hommes, puissance collective tellement ancrée dans la société qu’un homme seul ne craint pas d’écraser (symboliquement ou non) une femme dès qu’il en a l’occasion ou l’envie.
L’autrice analyse d’abord le fonctionnement des clubs privés, nés en Angleterre, lieux qui excluent les femmes, qui permettent à leurs membres d’échapper à la maison familiale et de pratiquer l’entre soi pour asseoir leur pouvoir. Martine Delvaux va ensuite analyser toutes les formes de boys clubs, Eglise, armée, gouvernements, universités, ligue du LOL, architecture, principalement à l’aide de films et de séries télévisées (et c’est là que les références me manquaient). Elle prend entre autres l’exemple de la carrière et de la présidence de Donald Trump mais Barack Obama n’est pas épargné : il fait partie du club, lui aussi, même si Martine Delvaux démontre que ce fameux boys club fonctionne essentiellement avec des hommes blancs et même des suprémacistes blancs. Ils s’invisibilisent et renforcent leur pouvoir dans leurs costumes tous pareils, tandis que les femmes, « obligées » de se distinguer par leurs vêtements, sont considérées comme des objets, des trophées. Au fil de chapitres courts, qui se lisent assez facilement, même s’il y a de nombreux renvois de notes, elle en vient à parler de la « culture » du viol, événement où le boys club est particulièrement pervers (et c’est là que j’ai eu particulièrement froid dans le dos – dieu merci, tous les hommes ne sont pas pareils).
En fin de compte, ce livre très bien documenté nous fait vraiment réfléchir sur les lieux d’influence et les sphères d’action du boys club, pour démonter leur système, pour ne pas y céder, pour ne plus en avoir peur. La rencontre avec Martine Delvaux à la librairie TuliTu le 1er mars dernier a confirmé quelle belle personne est cette autrice, toujours soucieuse de nuancer ses propos mais aussi de défendre les droits des femmes.
Martine DELVAUX, Le Boys Club, Les éditions du Remue-Ménage, 2019
Un bel article et des extraits chez Lilitherature
Petit Bac 2022 – Objet 2