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Album - Sylvaine – Nova

Publié le 13 mars 2022 par Concerts-Review
Album - Sylvaine – Nova

Season of Mist.

NoPo

SYLVAINE Nova 2022
Ce pseudonyme renomme Kathrine Shepard. Née aux Etats-Unis, elle grandit à Oslo en Norvège et vit maintenant partiellement à Paris.
Et alors, la France Kathrine?
J'aime ses poètes romantiques, notoirement Verlaine avec la même consonance que mon (pré)nom français, Sylvaine
J'enregistre en France et j'ai écrit des titres en français (Bien loin d'ici, L'appel du vide)
J'ai un batteur français et j'ai un groupe français référent, Alcest
J'ai inventé une langue, comme Magma...
Bref, t'es française maintenant, non?
Le web sait tout :
"Sylvaine est une enfant joyeuse et optimiste, elle aime relever tous les défis! Elle a un grand coeur, beaucoup de facilités à s'entendre avec les gens et le sens du relationnel."
Ah ben super, vérifions!
Défis? Affirmatif! On avance bien :
"Nova" - March 4th 2022
"Time Without End" - January 10th 2020 (split EP w/Unreqvited)
"Atoms Aligned, Coming Undone" - November 2nd 2018
"Wistful" - May 13th 2016
" Silent Chamber, Noisy Heart" - November 14th 2014
Relationnel? Affirmatif! Des participations nombreuses :
Austere - 2022
Carpenter Brut - TBA - 2022
MØL - "Diorama" - 2021
ISON - "Meridian" - 2021
Alcest - "L'île des Morts" - 2019
Clouds - "Unravel" - 2018
Alcest - "Kodama" - 2016
Cette fois, elle décide de s'affirmer encore plus fermement, jusqu'à poser nue sur la pochette, une façon de présenter sa vulnérabilité autant que sa renaissance.
Cherchez l'étymologie de Nova côté nuova (nouveau) plutôt que dans les étoiles.
Pourtant la photo de l'artiste, d'un esthétisme remarquable (artwork Andy Julia), semble être prise dans l'espace. Elle n'est pas vilaine la Sylvaine.
Bordé d'un halo de poussières lumineuses, son corps diaphane, plié en chien de fusil, elle déploie de longs cheveux platine comme des racines dans la nuit profonde.
Finalement, un autre point commun avec Alcest, Kathrine est aussi blanche que Neige et joue pourtant une sorte de blackgaze profondément sombre.
Difficile de ne pas penser non plus à Myrkur (la danoise Amalie Bruun) pour le contemporain mais on pourrait remonter jusqu'à Cocteau Twins sur les moments les plus rêveurs, voire Björk.
Dès 'Nova', on nous invite au paradis, écouter, un ange, quasi a capella, et capable de multiplier ses voix impénétrables (un dialecte imaginé).
Le morceau titre projette sur nos esprits la nuit galactique, contrariée par la lumière intense de certaines étoiles.
Les vocaux harmonieux, nous bercent dans un espace sans attraction terrestre. On nage, en pleine allégresse, dans un ectoplasme rempli de liquide amniotique (ah ouais quand même!).
La mélodie de 'Mono no aware' bouleverse instantanément. Le riff, dans un battement de gratte porté par une batterie roulante, prend la couleur du crépuscule puis la rythmique passe à la vitesse black/death.
Devant des choeurs éthérés, le chant purulent et profond de Kathrine, pourtant asthmatique, irrite la gorge et fait couler les larmes.
S'effondrant ensuite, il apaise l'âme par sa voix lactée. Ce voyage féérique de 9'43, au rythme élevé, passe à la vitesse de la lumière.
'Nowhere still somewhere', choisi pour le premier clip (Video by Linnea Syversen), reste très représentatif de l'album, transportant sa résonance sonore pleine de mystère.
Les premières notes répétitives à la guitare électrique, nulle part et partout en même temps, tissent une toile aimantée.
La mélancolie flirte avec le désespoir en s'exprimant par des accords prenants et une voix vaporeuse, presque timide et si belle, enrobée de quelques notes de basse.
Kathrine s'y montre, dénudée comme sur la pochette, parfois floue mais toujours charismatique et s'habille, par instants, d'une robe noire échancrée.
'Forlapt' nous conduit sur une route chaotique longue de 11'55 (un pavé!). L'ouverture pourrait prendre place dans une église avec son chant angélique, accompagné ensuite par une guitare acoustique.
Puis le tempo et l'intention montent en tension. Le jeu de batterie et la basse grondante dramatisent la scène.
Avec ses vocaux diversifiés, allant du déchirement à l'allégresse en passant par des cris, cette musique, aussi black que white, joue finalement avec des tons gris.
La fusion crépite, versant dans le cratère de nombreux ingrédients post-métal, métal atmosphérique, shoegaze, folk finissant par se transformer en une certaine forme de riche prog moderne.
'I Close My Eyes So I Can See' Sylvaine nous vend du rêve et de la beauté. Démarrage aux cordes plaquées par dessus un son lointain, puis un riff lancinant, poussé par la basse mélodieuse, développe, dans un balancement, une mélancolie omniprésente.
La composition alterne vagues tranquilles déroulées sur le sable jusqu'à l'étal et écume bouillonnante au plus fort de la marée.
Sous les hurlements dispersés, des choeurs paisibles en rappels, et une batterie éclatante font exploser la trame plaintive. Le dernier flot porte un chant, d'une belle noblesse, aux syllabes trainantes, et maitrisé de bout en bout.
Le dernier psaume enchaine dans cette même ambiance de recueillement. Il prend un long temps pour développer ses arpèges soutenus, plus loin, par un synthé translucide.
De formation classique, Kathrine prend plaisir à inviter le violoniste écossais Lambert Segura de SAOR et le violoncelliste Nostarion alias Patrik Urban sur 'Everything Must Come To An End'.
Lorsqu'ils interviennent magnifiquement, le paysage s'obscurcit encore un peu plus. Le morceau porte bien son titre tragique.
Un bonus figure dans le paquet : 'Dissolution', désignation qui matche avec une ambiance planante.
Pas d'intro, les voix aériennes s'installent et laissent de l'espace entre la batterie et l'enchevêtrement de guitare aux cordes frottées et basse ronde.
Une espèce de brume flotte sans se dissoudre. Une pause acoustique dépouillée sépare le corps en 2 parties inégales avec une fin abrupte.
Avec Sylvaine, la quête de la transe, presque sacrée, n'est pas vaine. Elle s'imprègne en nous par une forte émotion.
Sans répétition, l'album d'une grande prestance, s'affirme aussi par sa cohérence.
Ceux qui jetteront une oreille à Sylvaine auront de la veine et de la vitalité car cette oeuvre pleine et sanguine fait, fortement, battre le pouls.
Track list:
1. Nova (04:36)
2. Mono No Aware (09:42)
3. Nowhere, Still Somewhere (04:34)
4. Fortapt (11:55)
5. I Close My Eyes So I Can See (05:16)
6. Everything Must Come To An End (07:47)
Bonus track
7. Dissolution (05:58)
Total: 49:51
Recording Lineup:
Sylvaine: vocals, guitars, bass, synths, arrangements
Dorian Mansiaux: drums
Live line-up:
Sylvaine: main vocals, guitar
Dorian Mansiaux: drums
Florian Ehrenberg: guitar, backing vocals
Maxime Mouquet: bass, background vocals
Guest Musicians:
Lambert Segura (SAOR): violins on "Everything Must Come To An End"
Patrick Urban: cellos on "Everything Must Come To An End"
Recording Studio: Drudenhaus Studio, Issé (FR)
Producer, mixer, sound engineer: Benoît Roux
Mastering Studio + engineer: Karl Daniel Lidén at Karl Daniel Lidén Productions
Cover art: Photo by Andy Julia, post-production/digital illustration by Daria Endrese


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