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David Golder d'Irène Némirovsky

Par Sylvie
1929
David Golder
Editions Grasset, collection "Les cahiers rouges"
Et dire que j'ai tant tardé à découvrir l'auteur de Suite française, prix Renaudot 2005 ! J'ai été si enthousiasmée que j'ai envie de lire toute son oeuvre !
Présentons brièvement Irène Némirovsky : elle naît en Ukraine, à Kiev en 1903. Fille de banquier, elle et sa famille son chassées de Russie après la révolution bolchévique ; ils s'installent en France. Irène avait découvert le français grâce à sa mère et à son institutrice française. Son premier roman, David Golder, paraît en 1929. Suivront Le bal, Les feux de l'automne, et son roman posthume Suite française. Elle sera déportée à Auschwitz où elle pourra en 1942.
Dans ses romans d'une réalisme et d'une finesse psychologique incroyable, elle peint avec férocité un roman empoisonné par la puissance de l'argent roi.
Dans David Golder, elle brosse le magnifique portrait d'un veil homme d'affaire juif, malade, ruiné, qui se fait "dévorer" par sa femme et sa fille qui n'en veulent qu'à son argent. Mais Golder, à l'article de la mort, n'a pas dit son dernier mot...
Ce personnage suscite dégoût et pitié ou tendresse. C'est un financier hargneux qui a causé le suicide de son associé. Seules les affaires le font vivre. Mais lorsqu'il tombe malade, et que sa famille comprend qu'il ne pourra sans doute plus subvenir à ses besoins, sa femme le harcèle pour qu'il lui laisse quelque chose à son nom. Et sa fille (mais est-ce vraiment sa fille?) ne cesse de le quémander pour qu'il lui achète des robes et des voitures...
Némirovsky excelle dans la peinture du monde des affaires juif pour qui l'argent est la fin ultime. Elle n'hésite pas à appuyer sur les défauts physiques et psychologiques de ce milieu matérialiste ; la femme, en particulier, qui passe sa vie en compagnie de gigolos, est décrite comme un pantin plein de graisse couvert de bijoux.
Le personnage de Golder échappe cependant à la noirceur complète de ce milieu. Cette histoire est d'abord la tragédie d'un vieil homme mal aimé. Malade, il découvre finalement la misère de l'âme solitaire et la vanité des biens matériels. Le lecteur ne peut s'empêcher d'éprouver de la tendresse devant l'agonie du vieillard roulé par sa famille, qui revient finalement sur les chemins nostalgiques de son enfance.
Ce roman m"a fait d'une part  pensé à l'univers balzacien par sa description hyperréaliste d'un monde pourri par l'argent (on pense à Goriot même si Golder est un financier véreux qui n'a rien à voir avec la grandeur d'âme du héros balzacien). Deuxième double de Golder : Citizen Kane d'Orson Wells. Au crépuscule de sa vie, l'homme d'affaire repense avec nostalgie à son enfance...
Ce roman cruel a tout d'un chef d'oeuvre brûlant de vérité. Némirovski excelle dans des petits monologues intérieurs où des personnages brisés mijotent leur rancune...

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