Je dois avouer que je ne connaissais pas John Donne. En fait, je n'ai pris connaissance de ce poète qu'à travers mes recherches sur le XVIe siècle et le désarroi des penseurs de cette époque. Je fus surpris par son poème, philosophie nouvelle. Dans ce poème, il exprime de façon magistrale, tous les émois face aux grands bouleversements de ce siècle.
Bien qu'il fasse partie des grands noms de la poésie métaphysique anglaise, John Donne est très peu connu dans notre pays. Aussi, je vous propose, de façon brève, de le découvrir.
BIOGRAPHIE SUCCINCTE DE JOHN DONNEJohn Donne nait en 1572, son père meurt en 1576 alors qu'il n'avait que quatre ans. Il est tout à fait possible que cet événement l'ait marqué.
Il entame des études qu'il ne pourra mener à terme du fait de sa foi catholique et du fait des persécutions de cette religion. Il se convertit à l'anglicisme.
En 1598, il devint le secrétaire du Garde des Sceaux, Thomas Egerton, dont il épouse secrètement la fille. Il est congédié, commence pour lui une vie austère et difficile.
En 1615, il devient prêtre, ensuite prédicateur. La disparition de sa femme en 1617 ne fait qu'amplifier son obsession de la mort, et accroît également sa ferveur religieuse. Il meurt en 1631, auparavant il avait prononcé devant Charles premier son ultime prédiction, le duel de la mort.
JOHN DONNE, UN HOMME COMPLEXE
Il est important de souligner l'extrême complexité de John Donne. Il y a chez lui unification et transcendance de la vie, de la mort, de l'amour, et de la spiritualité.
Chez John Donne, l'amour platonique, l'amour sensuel, l'amour charnel, l'amour spirituel fusionnent en une unique ferveur.
C'est là un aspect qu'il faudrait toujours avoir présent à l'esprit, autrement on ne pourrait comprendre toutes les subtilités de la poésie et des pensées de cet homme exceptionnel.
JOHN DONNE, MÉTAPHYSIQUE, ET OBSESSION DE LA MORT
Il y a chez ce poètes une angoisse permanente de la mort. Il faut dire qu'en ce siècle sévissaient les épidémies, particulièrement celle de la peste noire qui décima une partie de la population européenne. La mort, en ce siècle, était présente, elle est visible, elle avait le visage des cadavres qui jonchaient les rues ; des visages défigurés ; des cimetières encombrés.
Dans son poème, philosophie nouvelle, cette obsession de la mort, si elle n'est pas exprimée de façon claire, elle est, malgré tout, bien présente.
And new philosophy calls all in doubtby John Donne
And new philosophy calls all in doubt,
The element of fire is quite put out;
The sun is lost, and th' earth, and no man's wit
Can well direct him where to look for it.
And freely men confess that this world's spent,
When in the planets, and the firmament
They seek so many new; they see that this
Is crumbled out again to his atomies.
'Tis all in pieces, all coherence gone.
Le feu primordial est éteint,
Le Soleil perdu de vue,
ainsi que la Terre, et nulle intelligence
N'aide plus l'homme à les trouver.
Les hommes admettent volontiers que notre monde est épuisé
Lorsque dans les planètes et le firmament
Ils cherchent tant de nouveautés, puis s'aperçoivent que
Telle chose est à nouveau brisée en ses atomes.
Tout est en pièces, sans cohérence aucune [...]
Et dans les constellations alors s'élèvent
Des étoiles nouvelles, tandis que les anciennes disparaissent à nos yeux
JOHN DONNE ET LES FEMMES
Ce qui surprend le plus chez Donne, prêtre ne l'oublions pas, est sa passion pour les femmes. Une passion sensuelle et charnelle qu'il décrit, parfois de façon crue dans sa poésie. On peut penser que l'amour charnel est une exorcisation, pour John Donne, de sa propre finitude. La passion de Donne pour les femmes n'est pas uniquement chair, elle représente la spirituelle quand elle est platonique, Cet amour est une quête perpétuelle du sens de la vie, du sens du monde, avec cette présence angoissante de la mort.
Il y a dans certains vers de John Donne, des significations sibyllines en divergence avec son amour pour les femmes. Pour en comprendre le sens, il faudrait avoir lu au préalable une grande partie de son œuvre.
Stay, O sweet, and do not rise!Stay, O sweet, and do not rise!
The light that shines comes from thine eyes ;
The day breaks not: it is my heart,
Because that you and I must part.
Stay! or else my joys will die,
And perish in their infancy.
Reste, ô ma douce, ne te lève pas !Reste, ô ma douce, ne te lève pas !
La Lumière qui brille vient de tes yeux ;
Ce n'est pas le jour qui perce ;
c'est mon cœur qui est percé,
Parce que toi et moi devons nous séparer
Reste, ou sinon toute joie chez moi
mourra
Et périra dans sa prime enfance.
JOHN DONNE ET LA PENSÉE UNIVERSELLE.
Chez les auteurs anglais il y a l'universalité de la pensée que l'on ne retrouve pas chez les Français. A Christmas Carol de Charles Dickens s'affranchit du symbole religieux pour constituer une allégorie de transcendance. Les drames de Shakespeare font partie de notre quotidien. Beaucoup d'adages sont d'inspiration de son théâtre.
Je vous invite, chaleureusement, à découvrir cet homme exceptionnel, et ses poèmes de passions, de métaphysique, et de spiritualité. L'univers transcendant de John Donne.
No Man is an IslandNo man is an island entire of itself; every man
is a piece of the continent, a part of the main;
if a clod be washed away by the sea, Europe
is the less, as well as if a promontory were, as
well as any manner of thy friends or of thine
own were; any man's death diminishes me,
because I am involved in mankind.
And therefore never send to know for whom
the bell tolls; it tolls for thee.
Aucun homme n'est une îleAucun homme n'est une île, un tout, complet en soi ; tout homme est un fragment du continent, une partie de l'ensemble ; si la mer emporte une motte de terre, l'Europe en est amoindrie, comme si les flots avaient emporté un promontoire, le manoir de tes amis ou le tien ; la mort de tout homme me diminue, parce que j'appartiens au genre humain ; aussi n'envoie jamais demander pour qui sonne le glas : c'est pour toi qu'il sonne ".
Go and catch a falling star,Go and catch a falling star,
Get with child a mandrake root,
Tell me where all past years are,
Or who cleft the devil's foot,
Teach me to hear mermaids singing,
Or to keep off envy's stinging,
And find
What wind
Serves to advance an honest mind ...
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