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For intérieur Haïbuns

Publié le 06 avril 2022 par Adtraviata
For intérieur Haïbuns

Place Louise

Deux heures à tenir encore
Ma permanence nocturne s’achève enfin
J’ai de plus en plus de mal à tenir
Toutes ces années à supporter les
misères de cette ville
Trouver des solutions qui n’en sont pas
Vingt-quatre heures déjà sans dormir
Ce travail si humain l’est-il vraiment ?
Dans deux stations de métro un café m’attend
J’ai froid

Sans doute la fatigue
J’engouffre un second pain au chocolat
pour compenser
Lentement je refais surface
au rythme de l’escalator
et comme à chaque fois nos regards
se croisent

Dernières gelées

Dans les yeux du sans abri

Un croissant de lune

Pour ce mercredi poésie d’avril, il fallait évidemment du belge. Et je ne pouvais que choisir ce recueil choisi chez Pippa (adorable librairie du Quartier latin consacrée à l’édition indépendante et maison d’édition solidaire) et offert par Marilyne.

Thierry Werts est un magistrat belge, procureur dont les matières de prédilection sont les homicides, le droit international humanitaire et la protection de la jeunesse. Il aime la randonnée et l’écriture.

Cette première page du recueil For intérieur donne le ton de l’ouvrage qui alternera un poème et un haïku quelque part dans Bruxelles, jamais loin du Palais de justice ou à Braine-le-Château (où se situe un centre fermé pour les jeunes délinquants) et un poème et un haïku liés à une mission ou un voyage à l’étranger, en Afghanistan, au Liban, au Sénégal, entre autres. Poèmes et haïkus ou plutôt haïbuns, comme le titre nous le précise. « Le haïbun est une composition littéraire dans laquelle prose et haïku se mêlent en une brève narration poétique d’une expérience réelle ou imaginaire » nous explique l’Association francophone des auteurs de haïbuns. En lignes épurées, Thierry Werts évoque de douloureuses histoires d’enfants placés, des violences familiales en Belgique, la violence toujours aux aguets en Afghanistan, les couleurs de l’Afrique ou la partition de Chypre. L’écriture sert d’exutoire, d’apaisement face aux sentiments de dégoût et d’impuissance, une tentative pour prendre de la hauteur et goûter la vie au jour le jour malgré les horreurs du monde.

Les aquarelles à l’encre de Chine d’Alexia Calvet accompagnent les textes de Thierry Werts avec une grande délicatesse. Elles offrent un joli contrepoint tout en douceur et appellent à l’harmonie.

« Un hiver sans fin
La juge écarte une larme
Entre deux destins »

« L’ombre d’un oiseau
Traverse le citronnier
Qui s’en souviendra ? »

Thierry WERTZ, For intérieur Haïbuns, Editions Pippa, 2016

Allons découvrir le billet de Marilyne sur Les ennuagements du coeur d’Yves Namur.

Le Mois belge 2022


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