La découverte d’un artiste comme lui ne ressemble à rien d’autre qu’à une rencontre avec Cupidon qui vous envoie une flèche en plein cœur. D’abord, on a mal, on se demande ce qu’il nous arrive puis, peu à peu, langoureusement, le doux poison vient nous envoûter, tel un serpent charmeur qui aurait en plus l’audace de nous siffler sa douce musique – comme s’il se prenait pour un sirène…
Oui, voilà beaucoup d’images fortes pour introduire l’artiste américain qui, en seulement une poignée d’année, a réussi à devenir l’un des plus grands noms de la musique actuelle alors même qu’il publie ses albums sur des labels indépendants – les néanmoins célèbres Sub Pop et Bella Union selon le continent.
Father John Misty est l’essence artistique de Josh Tillman, et son compère de l’ombre Jonathan Wilson est tout simplement impossible à oublier, tel un duo magique.
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En 2012, dès son premier album sous le pseudo de Father John Misty, tout semble être prédit d’avance : Josh Tillman va et ira absolument là et où il le voudra, et il nous emportera systématiquement avec lui dans ses voyages oniriquement beaux. Fear Fun est un album oxymore, on s’attend au pire et le beau arrive… tout en ne nous préservant pourtant jamais de la dure réalité de la vie.
Musicalement et textuellement, Father John Misty atteint déjà des sommets que peu d’artistes apercevront dans toute leurs carrières. S’il n’avait pas continuer après cet album, il aurait déjà pu être fier de lui.
Dans l’album, une longue citation d’Octave Mirbeau vient expliciter toute l’ambiguïté de la nature humaine, et dès lors pour ce qui nous concerne de l’art, et donc de la musique en particulier qui jamais ne reflète la réalité sinon qu’elle en donne une vision qui soit essaie de s’en rapprocher ou, au contraire, de s’en défaire à l’extrême. Monsieur Josh Tillman semble tendre inexorablement vers les deux horizons à la fois, ce qui n’est finalement pas un paradoxe.
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Avec I Love You, Honeybear, Father John Misty revenait pour un second album qui allait faire l’unanimité – et son chef-d’œuvre de 2015 est aussi devenu tout simplement l’une des plus grandes références de la décennie passée.
Mais, au fait, l’avez-vous reconnu sur la couverture, tel le messie, dans les bras protecteur de sa génitrice, au beau milieu de bêtes hostiles et féroces, et de musiciens et danseurs totalement inconscients des drames qui ont pourtant lieu sous leurs yeux ? Mais peut-être faudrait-il aussi pour cela voir ailleurs que ce que notre cerveau nous dicte, ou que notre téléphone portable tellement smart qu’il devient intelligent à notre place. En bonne et due forme, c’est ce que l’artiste appelle être « Bored in the USA ».
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« What has been is what will be, and has been done is what will be done, and there is nothing new under the sun… » Accompagné de cette citation, Pure Comedy arrivera en 2017, et il a beau être long, vraiment long, c’est à nouveau une œuvre grandiose qu n’a rien à envier aux deux précédentes.
Rien de nouveau sous le soleil, et pourtant, Father John Misty excelle dans ce qui ressemble désormais à un univers à lui, cet univers qui est désormais son univers et est devenu aujourd’hui une référence.
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Quand sort God’s Favorite Customer, dès 2018, tout le monde sait depuis longtemps que Father John Misty est aussi humble que grandiloquent. Néanmoins, la surprise sera double : il affirme sa personne en une – loin de cette imagerie mystique à la Jérôme Bosch – et nous offre un album résolument pop dans la conception, tout en accentuant ce qui a fait de lui un artiste unique en l’espace de cinq ans à peine.
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Avant tout cela, il y avait eu J. Tillman, avec 8 albums sortis entre 2003 (i.e. ses véritables débuts) et 2010. Également, un remarquable et remarqué passage au sein de Fleet Foxes de 2008 à 2012 en tant que chanteur vocaliste mais aussi et surtout… batteur ! Aussi le retrouve-t-on sur leur second album Helplessness Blues. Mais cela ne peut être surprenant puisqu’il avait officiellement débuté à la batterie en fondant en 2001 le groupe Saxon Shore dont il aura été membre jusqu’en 2004. Et bientôt, ce sera au tour de Chloë And The Next 20th Century…
(in Heepro Music, le 06/04/2022)
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