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Alzheimer

Publié le 13 avril 2022 par Hunterjones
AlzheimerGrave maladie neurodégénérative démarrant lentement mais progressant agressivement, il s'agit de 60 à 70% des causes de démences humaines. Le symptôme le plus commun étant la difficulté à se rappeler les choses, mêmes les plus simples. 

Avec le temps, les problèmes peuvent devenir des problèmes de langage, de désorientation, d'humeur déséquilibrée, de perte de motivation, de négligence personnelle, et bien entendu, de comportements. C'est extrêmement grave et désolant. On a pas encore trouvé comment vaincre cette terrible maladie qui ne fait plus brancher les fils neurologiques au cerveau adéquatement. 

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Le père de la mère à ma conjointe est décédée de cette maladie. N'arrivant plus à identifier les Femmes, ce qui l'insultait, il les appelait absolument toutes Georgette. Et pour toute conversation, il se contentait de sourire, n'arrivant pas à relier les points dans une discussion normale. C'était extrêmement triste. 

Marianne a un père atteint de cette maladie. Sa mère est décédée depuis 10 ans, et Marianne se prépare lentement à vivre sans parents. Enfant unique, pour le moment, elle visite très régulièrement son père voulant en profiter encore le plus longtemps possible. 

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Leurs conversations sont souvent désorientées mais avec le temps, Marianne a su comment diriger les choses pour que ça reste sensiblement cohérent. C'est moins elle qui s'adresse à lui que lui qui lui parle. Et elle s'ajuste à ses propos. Entre autre, ne la reconnaissant pas toujours, il la prend pour une amie d'enfance dont le prénom commence par la même lettre: Margot. Quand elle arrive, certains jours de visite, les yeux vitreux de son père la repère et après un temps suspendu où sa mémoire en travaille un coup, il murmure un ravi "Margoooooot!" souvent suivi par un "comment tu vas?". 
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Marianne ne connaît pas cette "Margot" qui était une Marguerite, à sa naissance, et qui aurait été une amie habitant la maison voisine de celle de son père quand il était plus jeune, à St-Pascal-de-Kamouraska. Tout juste à côté du restaurant Chez Ti-Gus, se trouvait une maison à même le stationnement du resto, où habitait justement le Ti-Gus en question et sa femme. Ainsi que leur fille, apparemment, Margot. Et le père de Marianne habitait la maison derrière, avec sa mère et ses 7 soeurs et frères. Son père à lui, médecin de village, était plus souvent qu'autrement absent. Assez porté sur la bouteille (Il passera dans l'autre monde d'une cirrhose du foie trop jeune) et aimait aussi découcher en compagnie de quelques maitresses. Prétextant des cas urgents de nuit le forçant, "à des motels". Le père de Marianne ne l'avait pas tellement connu et juste assez pour net pas vouloir le connaître trop. Voilà pourquoi il s'était attaché à Ti-Gus et à sa famille. Dont la fille était légèrement plus jeune que lui, mais qu'il avait pris en affection quand il l'avait vu se défendre contre des plus grands qui la narguaient. 

C'est du moins ce que le père de Marianne lui avait raconté lors de l'une de leurs visites du week-end. Tous les week-ends, et trois autres fois par semaine, Marianne se rendait là où on s'occupait de son père pour lui tenir compagnie. 

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Jamais elle n'avait pu tenir le rôle de "Margot". Ne la connaissant pas, elle ne pouvait pas trop en inventer à son sujet qui n'aurait pas fait de sens. Et quel inconfort de toute manière de devoir porter un masque face à son père. Déjà que lui ne se ressemblait plus, s'il fallait en plus qu'elle se dénature d'elle-même en lui jasant, elle ne s'en sortirait pas. La chanson de Daniel Bélanger "Sortez-moi de Moi" l'avait bouleversée en 1996, quand les premiers signes de la démence avait pointé chez son père. C'était la dernière chose qu'elle voulait entendre quand le refrain était chanté, ici et là. Elle avait le ferme conviction que cette maladie avait tué sa mère, d'épuisement moral. Cette maladie n'était que souffrance. Et de nos jours, une série télé du même nom lui rappelait toujours la condition de son père, maintenant presque 100% sorti de lui-même. 
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Marianne patinait du mieux qu'elle le pouvait quand il lui demandait des nouvelles de "Margot". Elle lui parlait d'elle-même, de toute manière, il ne se rappelait plus sa fille. N'en donnant pas trop afin de ne pas paraître mauvaise menteuse.

Puis, un jour, son père a demandé "à Margot", comment se portait son père, à elle. Marianne a donc entrepris de lui parler de celui qui lui posait la question, son vrai père à lui, dont la tête s'effaçait, mais dont elle n'avait que de bons mots. Elle lui parlait de son sens des responsabilités, de sa maturité, de son humour, de son sens de la famille, de sa générosité, de sa tendresse, de son intelligence. Tout ça à grands coups d'anecdotes (réelles) de la jeunesse de Marianne, avec son père. 

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L'effet a été remarquable. Le père de Marianne a beaucoup aimé ce qu'il entendait et admirait, riait, était impressionné de cet homme. Qu'il trouvait de bon goût, spirituel, qu'il aurait souhaité rencontrer.
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Sans le savoir, il était présenté à lui-même. À ce qu'il avait un jour été.

Bientôt, toutes les fois qu'ils se rencontraient, elle le présenterait à lui-même.

En se rappelant ses plus beaux souvenirs d'avec celui qu'il avait déjà été.

Occupé maintenant, à tomber en amour avec lui-même.    

Elle ne voyait plus son père sortir de lui-même. Mais le reconstruisait en partie, avec amour. 


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