Un enfant disparaît et c’est la fin du monde. Sur ce sujet le meilleur livre que j’avais lu jusque là était L’année brouillard de Michelle Richmond. Celui-ci se déroule au bord de la mer alors que l'enfant dont il est question dans Blizzard de Marie Vingtras s'évanouit dans la neige d’Alaska.
Le premier en juillet, le second en hiver. Même point de départ, une seconde d’inattention. Toujours une femme comme responsable (je ne souhaite pas commenter), l’une très intelligente, l’autre qualifiée de folle, aucune des deux n'étant mal intentionnée.
La différence c’est la construction, tout du point de vue de la femme dans l’un, choral dans l’autre. Bref, je ne vais pas comparer. Je veux juste dire que malgré un enthousiasme pour le roman de Michelle Richmond celui de Marie Vingtras m’a totalement embarquée, ce qui montre bien combien il est réussi. Et en plus c'est un premier roman. J’ai envie de crier bravo.
Il neigeait alors que j’ai commencé cette lecture, au chaud, le dos à une cheminée, m’estimant bien privilégiée.
Il n'y a pas de suspense quant à la disparition de l'enfant. Elle intervient immédiatement, alors que la tempête fait rage. Il n'aura fallu que quelques secondes, le temps de refaire ses lacets, pour que Bess lâche la main du petit garçon et le perde de vue. Elle se lance à sa recherche, suivie de près par les rares habitants de ce bout du monde. Une course effrénée contre la mort s'engage alors, où la destinée de chacun, face aux éléments, se dévoile.
Chacun est attachant à sa manière, surtout Bess dont les paroles sont très touchantes : Je sais qu’il faut réserver ses larmes pour ce qui en vaut la peine (p. 50). Elle dira plus tard Le bonheur occupe la première place du classement des choses qui ne durent pas (p. 81).
Avec des peut-être on pourrait refaire le monde. Sauf que les choses tournent rarement comme Bess se les a imaginées (p. 56). On comprendra au fil des pages que la situation est aussi complexe que la météorologie et qu'il est difficile d'y voir clair. Comme le résume parfaitement Cole, chacun a des trucs cachés sous le tapis (p. 104).
La construction de ce huis clos en pleine nature est très réussie. J'ai aussi par moment pensé à deux romans d’Alain Gillot S’inventer une île, parce qu'il y est question d'une disparition d'enfant, et La surface de réparation pour la présence d'un enfant autiste et surdoué.
Blizzard de Marie Vingtras, en librairie depuis le 26 août 2021