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Brian Jackson fait danser le Sunset

Publié le 16 avril 2022 par Assurbanipal

Paris, Ile de France, France

Vendredi 15 avril 2022, 21h30

Brian Jackson: claviers, chant, flûte traversière, MC

Steve Walters: guitare basse électrique

Paul Jones: batterie

Lenox Cameron : claviers, guitare électrique, flûte traversière, chant

Gil Scott Heron (1949-2011) a enrichi sa musique de son travail en duo avec Brian Jackson (1952). Ensemble, dans les années 1970, ces deux hommes ont créé des albums majeurs de la Great Black Music , toujours écoutés et copiés 50 ans après: Pieces of a Man, Free Will, Winter in America, The first minute of a new day, From South Africa to South Carolina, It's Your World, Bridges, Secrets... Plus de 10 ans après la mort de son ami Gil Scott Heron, Brian Jackson continue de faire vivre leur message.

Justement, Brian Jackson commence par une chanson de Gil Scott Heron. Celle par laquelle il ouvrait leurs concerts. Une chanson pour honorer les ancêtres. Tirée du Midnight Band et de l'album " The first minute of a new day ". Brian Jackson introduit la musique et la chanson en parlant en rythme sur la rythmique. Un des pères fondateurs du Rap avec son complice Gil Scott Heron. C'est de la Soul Music à l'ancienne, comme je l'aime. Gros son de basse, claviers planants, batteur qui martèle. Et une voix grave, masculine, caressante à souhait. Les musiciens du groupe ont l'âge d'être les fils voire les petits-fils de Brian Jackson. Une autre façon de transmettre le message. Une ballade rebelle pour commencer. Apparemment, Brian Jackson n'a pas eu une vie chaotique, brûlée par les addictions comme Gil Scott Heron. La preuve, il est en pleine forme sur scène à 70 ans. Il chante " Peace be with You Brother " . Ca roule tranquille. Il pourrait y avoir des violons sirupeux mais, heureusement, il n'y en a pas.

Une chanson en hommage à deux Géants du Jazz. La chanteuse Billie Holiday (1915-1949) et le saxophoniste John Coltrane (1926-1967). " Lady Day and John Coltrane ". Cf extrait audio au dessus de cet article. Une de mes chansons cultes. Elle me procure toujours de bonnes vibrations. Musicalement, c'est plus prévisible qu'un quartet de Jazz mais, Dieux, que c'est bon! Ma voisine de gauche est un fan. Elle filme. Rythmique implacable et le clavier bondit de joie.

Solo de clavier en intro. Une chanson écologiste. " We almost lost Detroit " composée suite à un accident dans une centrale nucléaire, qui faillit rayer Detroit, Michigan de la carte en 1966. Detroit ou Motor City, la ville de Tamla Motown, le label de Stevie Wonder, Marvin Gaye, des Jackson 5.... Elle exprime à la fois la plainte et la colère. Toujours aussi puissante.

Brian Jackson introduit sa chanson en nous l'expliquant. " Les gorilles sont très pacifiques. Tant que nous n'êtes pas trop près d'eux. Là, ils deviennent les gorilles que nous connaissons à la télévision, King Kong. Nous devons être comme des gorilles ". Belle recherche de son au clavier entre ligne de basse et sons aigus. Puis le groupe démarre. Une chanson sur la liberté d'action. Guitare cinglante. Basse et batterie fracassent. Le clavier décolle. Le public applaudit en rythme pour soutenir le solo funkissime du bassiste. Dialogue intense entre basse et batterie. Ca remue bien dans le ventre. Le guitariste est passé aux claviers oour un solo de l'espace. Toujours funkissime. Bruitages très efficaces. Le groupe se lâche musicalement et décolle. Comme tout le monde, je chante en choeur " You've got to take what You want like a gorilla ".

Brian Jackson nous parle d'une rencontre qui a changé sa vie, celle avec Gil Scott Heron, un des grands poètes du XX° siècle. Un homme qui savait trouver les mots justes pour parler de choses qu'il ne connaissait pas de l'intérieur. A 19 ans, il écrivit une chanson sur un père de famille qui s'effondre après avoir perdu son travail. Il reçoit la lettre de licenciement et tout s'effondre. " Pieces of a Man ", titre de l'album éponyme. Une chanson toujours aussi bouleversante et toujours d'actualité. " J'ai vu cet homme tomber en morceaux. C'était un homme si fort, si bon ".

Une chanson sur une fille qui a grandi et quitte le foyer familial. Tout en douceur.

Esther Phillips (1935-1984), chanteuse alcoolique et héroïnomane, ne pouvait pas croire qu'un adolescent était capable d'écrire une chanson sur la drogue aussi puissante, " Home is where the hatred is " ( " Le foyer est là où est la haine "°. Elle voulut d'abord rencontrer Gil Scott Heron. Après l'avoir rencontré, elle l'a cru et a chanté sa chanson. Le quartet démarre. Chanson très puissante en effet.

Une autre chanson sur l'écologie. Le titre album " Winter in America ". " La forêt que nous avons laissé derrière l'autoroute n'aura jamais le droit de pousser ". Des paroles toujours d'actualité presque 50 ans après, avec les grands incendies de Californie. Le guitariste et claviériste joue aussi de la flûte traversière. Enfin, Brian Jackson se met debout pour jouer de la flûte traversière à son tour. Cette flûte, c'est un son unique dans la Soul Music.

Une autre chanson sur la liberté. " It's Your world. You are free to be what U wanna be ". Brian Jackson ne chante pas des chansons d'amour basiques. Il chante la liberté, les problèmes sociaux.

Une chanson tirée du nouvel album " This is Brian Jackson ". Brian Jackson nous fait applaudir en rythme pour lancer le groupe. Il reste dans la lignée de ses chansons des années 70. Heureusement, il ne fait pas de R&B à la mode. Solo de flûte traversière du multi instrumentiste Lenox Cameron au dessus d'une rythmique bien ancrée. Ca vibre dur.

Une autre chanson du nouvel album. Ecrite en 1977 mais jamais enregistrée jusque là. Solo de basse pour commencer. Le batteur s'ajoute. Funky avec un feeling latino.

Brian Jackson nous explique qu'il ne peut partir sans cette chanson. La plus célèbre du répertoire de Gil Scott Heron & Brian Jackson. Une chanson sur l'alcoolisme. " The Bottle ". Cf vidéo sous cet article avec Gil Scott Heron au chant et Brian Jackson à la flûte traversière. Cette fois, tout le monde se met debout et danse. Moi compris. Sans renverser ni table ni verre. Exploit sportif étant donné la configuration du Sunset. Cette chanson transmet de la joie et de l'énergie malgré son thème. " Tu vois cet enfant noir qui a peur courir dans la rue? Son vieux a un sacré problème. La bouteille. "

RAPPEL

La chanson déjà chantée sur le gorille. Rien à voir avec Georges Brassens. Les musiciens chauffent toujours. Ils quittent la scène un par un en jouant et en chantant selon une tradition de la Great Black Music. Une partie du public continue d'applaudir en rythme et de chanter " You've got to take what You want like a gorilla ". Alors les musiciens reviennent sur scène et concluent en musique. Bref; c'est la fête au Sunset.

Un seul regret. Ils n'ont pas joué et chanté " The Revolution will not be televised ". tirée de l'album " Pieces of a Man " (1971) avec des Jazzmen de classe mondiale: Ron Carter (basse), Hubert Laws (flute), Bernard Pretty Purdie (batterie) et Brian Jackson au piano.


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