Monet traverse le jardin et entre dans son atelier. Il est 6h30. Il est seul et reprend son travail sur un grand panneau. La guerre est proche de Giverny. Jean-Philippe Toussaint, en quelques plans, nous montre le peintre retrouvant chaque matin ce qui deviendra « Les Nymphéas ». La guerre finit puis les années passent et la vieillesse ralentit le pas et fatigue les yeux. Et chaque jour, le peintre devient de plus en plus sa peinture. Il ne sait rien de ce qui adviendra d’elle, hors ce qu’il a décidé, c'est-à-dire de l’offrir à l’État. Il en découvre petit à petit l’ampleur : de deux panneaux, elle passera à huit et couvrira une surface d’environ 200 m2.
L’auteur de ce petit livre (qui accompagne l’exposition en cours au Musée de l’Orangerie à Paris) montre Claude Monet dans les dernières années de sa vie et le saisissant, comme s’il le photographiait, au moment où il entre dans son atelier et reprend son oeuvre, qu’il ne peut pas finir puisqu’elle-même s’oppose à la mort.
Petit livre certes, mais nous faisant partager des secrets et donnant envie de retourner voir « Les Nymphéas » et l’oeuvre d’Ange Leccia « (D’)Après Monet », visible à l’Orangerie jusqu’au 5 septembre 2022.