De Goliarda Sapienza (1924-1996) je n’ai encore rien lu avant d’ouvrir ce livre. Je sais seulement que ses livres ont été publiés après sa mort. Et celui-ci, qui regroupe des poèmes de jeunesse, après les autres. Les textes sont le plus souvent courts, comme répondant à une urgence. Quelques poèmes font plus d’une page, notamment celui qu’elle consacre à Nica morte lors du bombardement de Catane en 1942 et celui qu’elle écrit pour son père. Mais c’est plus souvent sa mère qui est au coeur de ces poèmes. Cependant, on peut y lire plus qu’un hommage. En voici quelques-uns.
Cosa aspetti sull’uscio
della mia casa? È l’alba
sono sola
e ho paura
Cosa cerchi nel vuoto
delle mie stanze?
Sono sola
e gli specchi ho rivoltato.
Qu’attends-tu sur le seuil
de ma maison ? C’est l’aube
je suis seule
et j’ai peur
Que cherches-tu dans le vide
des pièces que j’habite ?
Je suis seule
et j’ai retourné les miroirs.
Non ricordo l’inizio del discorso
ricordo che improvviso il temporale
confuse le tue ciglia i miei pensieri
Je ne me souviens pas de ce que nous disions
je me souviens que brusquement l’orage
a confondu tes yeux et mes pensées
La sera ripensa il giorno
assomma le ore
di luce. Cerca
di ordibare
l’insensato cadere dei colori
la chiave d’una vita che dura
solo dodici ore.
Le soir revient sur le jour
rassemble les heures
de lumière. Cherche
à ordonner
la chute insensée des couleurs
la clef d’une vie qui dure
rien de plus que douze heures.
Le livre édité par Les éditions du Tripode en 2021 est bilingue : sur la page de gauche, le texte en italien ; sur la page de droite, le texte en français.