Ceux qui veulent vivre
Ont tout le ciel visible
Et l’immense nuit
Où l’oiseau rouge transparaît
Dans leurs yeux les murs s’abattent
Sous leurs mains montent les champs
Le long de leurs chaînes monte le sang
Leurs femmes sont si belles si nues si réelles
Leurs femmes ont sur le visage et sur les seins
Tant de reflets de villages de villes d’yeux
de visages et de mains
Tant de reflets de fleuves et de flammes
De reflets de pierres et de sable
Que l’amour les double ou les triple
Que les voilà mille et mille
Dans les rues et sur la terre
Mille et mille
À faire et à dire
Que nous n’avons pas fini
De tout dire
23 avril 1943
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Marc Patin (1919-1944) – Les yeux très bleu d’une nuit pareille à un rire sans regret – Œuvre poétique 1938-1944 (Les Hommes sans Épaules, 2016)