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Je jetterai aux orties tous les portables

Publié le 27 avril 2022 par Paulo Lobo
Je jetterai aux orties tous les portables
Je réfléchis beaucoup au sens des phrases. J’aime avoir l'apparence de quelqu’un qui est sûr de lui. En réalité, en mon for intérieur, je galère, je dérive, je pendule. Les mois se suivent et ne se ressemblent pas.  Je sens que les jours sont souvent prêts à rebondir, peu importe l’horloge, la roue qui tourne, il n’y vont jamais par quatre chemins, ils prennent la pose et s’en partent gambader dans la nature. J’ai longtemps rêvé que, quand je serais grand, j'oserais enfin monter en haut de l’immeuble et contempler la ville, me dire elle est là, ce n’est pas parce que tu ne vois personne qu’il n’y a personne. En plus, il fait nuit. Les façades, les fenêtres, les portes ne sont que des trompe-l’œil. Que cachent-elles derrière leur lustre ? 
J’avais aimé le film que j’avais vu. Il me revient une phrase, enfin un principe. De faire des livres, il n’y a jamais de fin, et trop de dévotion envers eux, c’est fatigant pour la chair. On pourrait dire aussi que faire ou regarder trop de films, trop de musique, trop de photos, c’est fatigant pour l'esprit. Et que si on s’y dévoue beaucoup trop, si on en devient obsédé, ce n'est pas bien.Moi j’aime les livres, ces derniers temps j’en ai lu beaucoup. Je trouve un plaisir extraordinaire à toucher les feuilles, à me laisser happer par le récit, à lire les mots, à imaginer des situations, sans images, page après page, l’objet dans mes mains, le papier, la blancheur éclatante de la surface, la taille et le style de la police, j’aime ça. Je continuerai longtemps à me battre - aussi longtemps que je vivrai - pour que perdure le papier imprimé, le livre, les revues, les magazines, les publications de toutes sortes. Quand vous les prenez dans les mains, c'est là que vous avez la vraie sensation de l’underground. Je jetterai aux orties tous mes portables. Je jetterai aux orties tous mes portables, je les détruirai impitoyablement, rageusement, violemment. Saloperie d’ustensiles qui nous oppriment, il est temps de nous libérer, il est temps de nous arracher à vos flux électroniques et obscurs, il est temps de dire : assez, espèce de monstre aux dents crochus, rentre chez toi, auto-détruis-toi.Apprenez des livres, apprenez à vivre, apprenez à être ensemble avec les gens. Saloperie de portable, saloperie de photographie digitale, saloperie de digitalisation, saloperie de monde numérique. Oui, j’ose le dire ici, je suis maître en ma demeure - saloperie de monde numérique, j’aurai ta peau.

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