Et la Chine vous dira que la pandémie n'existe plus chez elle.
Des cris de rage et de désespoirs de citoyens confinés. La frustration des habitants enfermés chez eux, confinés depuis la fin du mois de mars, menace la ville Chinoise de l'implosion. Les sons de la nuit, à Shangaï sont hantés. À glacer le sang. Les sons de morts vivants.
Dans le ciel de Shangaï, la police rappelle la population à l'ordre tous les soirs. Des drones rappellent tous les soirs aux citoyens de respecter les restrictions pendant le confinent obligatoire et on exige de contrôler ses désirs de liberté. C'est tristement ironique et caricatural, en provenance de la Chine. Quiconque mets un pied dehors peut être aussitôt arrêté. Les gens sont munis de bâtons de métal de 2 mètres pour éloigner les uns des autres, mais aussi pour attaquer les uns et les autres, à bout de patience. Les autorités, en uniforme blanc, protecteur sanitaire, bat régulièrement les plus récalcitrants. À deux et à trois sur le même homme, la même femme. La colère monte et un air de rebellion rôde à Shangaï.
Les citoyens reçoivent des avis par écrit mais refusent de les respecter. Ils ne croient pas que cela puisse venir nécessairement du gouvernement. On chiffonne, on brûle, on nie ce qu'on lit.Shangaï est vide.
L'exaspération monte. Elle se lit, se voit et s'entend sur les réseaux sociaux avant que le gouvernement chinois ne les efface. Des scènes d'affrontements se multiplient, et pour cause. Le gouvernement a choisi quelques endroits pour y enfermer tous les cas de Covid, même les asymptomatiques. Et on les force dans une large habitation de condominiums, où les résidents sont évincés, et résistent, à juste titre. Ceux qui restent ne veulent pas non plus inviter des foyers de contamination dans leur building. Le bordel devient physique et absolu. Qui voudrait que son immeuble soit imposé dogmatiquement site de quarantaine de maladie mortelle ? Les contaminés sont entassés avec leurs affaires personnelles dans les autobus, parfois plus de 40 dans le même bus avec toutes leurs valises. Les gens paniquent et hurlent leur colère à qui mieux mieux. Qu'est-ce qui est justement mieux ? Qui peut le décider pour nous ? Les gens roulent en bus pendant toute la nuit, sans manger ni boire. C'est de la torture.
Les tests réguliers sont obligatoires et pour ceux qui ne veulent pas le faire, on entre à 6 ou 7, en combinaison blanche, et on force la chose contre les individus. Parfois en le coinçant sur une galerie comme sur la photo ici à gauche droite. Et en arrêtant ces gens. Pour le confiner ailleurs, en prison.
Le variant Omicron a fait vasciller la stratégie zéro-Covid de Pékin. 45 villes de Chine sont mises sous cloche (mais la pandémie n'existe plus là-bas, nous disent-ils). Le quart de la population Chinoise est forcée confinée. 386 610 cas ont été recencés en 13 jours d'avril là-bas. La plus forte vague depuis le début de la pandémie. L'absence d'immunité collective et le faible taux de personnes âgées vaccinées, fait des résidents du pays des proies faciles au virus.On annonce maintenant le nombre de décès tous les jours. Ce qu'on ne faisait pas avant. On ment, (c'est comme ça que le gouvernement Chinois fonctionne) en disant que 100% des décès se trouvent du côté des non-vacciné(e)s.
Pékin n'en démord pas. Pas question de changer de stratégie tant que la pandémie n'est pas mieux contrôlée. Mais la population confinée est rationnée et manque de tout. Ravitaillement, biens personnels, médicaments doux, services. Des batailles dans les rues ont comme origine des gens qui ne veulent que survivre. On veut de la nourriture, de l'eau et du gaz. On se sent, on se sait, en guerre. Ils sont à court de vivres et ne peuvent rien acheter.
À quelques mois du 20ème Congrès du Parti Communiste Chinois, où Xi Jingping y jouera sa réélection, le gouvernement continue de serrer la vis.
Les scènes surréalistes d'un homme masqué, en combinaison blanche, tenant un petit transistor qui scande "rentre chez toi, rentre chez toi!" sont maintenant scènes courantes, à Shangaï.Cauchemar de Covid. Bien réel.
Et dire qu'ici, les moins calibrés mentalement crient au viol de la liberté...