Aux sources des Nymphéas, et (D')après Monet

J’y suis allé progressivement. D’abord les salles où sont exposées, sous le titre Le décor impressionniste, des oeuvres réalisées pour décorer des murs, des portes, des dessus de portes… Aujourd’hui, la plupart de ces oeuvres sont considérées comme tableaux, peintures de chevalet, et leur renommée est mondiale. On voit ici des toiles de Gustave Caillebotte, Edouard Manet, Berthe Morisot, Camille Pissarro, Auguste Renoir, Alfred Sisley, Mary Cassatt, Claude Monet bien sûr, et bien d’autres.

Puis, Les Arts à Paris, salles consacrées à la collection Jean Walter-Paul Guillaume qui nous font avancer vers le XXe siècle avec d’autres oeuvres impressionnistes et quelques tableaux de Pablo Picasso, Amedeo Modigliani, Henri Matisse, Marie Laurencin, Chaïm Soutine… (Je n'y ai pas pris de photo).

Avant de remonter vers les Nymphéas, je suis resté environ quarante minutes devant la vidéo d’Ange Leccia, (D’)après Monet. C’est cette vidéo annoncée dans le livre de Jean-Philippe Toussaint, L'instant précis où Monet entre dans l’atelier, qui m’a attiré dans ce lieu. Quarante minutes devant six grands panneaux où sont projetées les images filmées par Ange Leccia. D’abord debout dans l’axe central, puis assis du côté droit et, ensuite, du côté gauche. Une musique accompagne les images sans nous en distraire. Je décide de noter les mots qui me viennent à l’esprit au fur et à mesure, dont je constate a posteriori que la plupart sont écrits au pluriel :

ondes lumières reflets ombres rayons feuilles verts bleus mauves brillances rouges roses pétales nuages tiges boutons souffles tremblements nymphéas éclats secrets eaux éclosions surfaces profondeurs blancs mouvements clartés formes nervures vies flous nettetés proches lointains lignes flottantes plongeantes courbes pistils cœurs froissées ouvertes gouttes jaunes droites rideau dentelle abat-jour toiture sons saules liquides arcs cercles agitées calmes moirées scintillantes matins soirs bercements chatoiements

Et je suis allé, empli de toutes ces sensations, passer environ un quart d’heure dans chaque salle des Nymphéas de Claude Monet, en m’efforçant de ne pas me laisser distraire par le public nombreux, assis ou déambulant, dans cet espace.