C’est le troisième spectacle des Divalala, chanteuses, comédiennes et instrumentistes constituées en trio depuis dix ans, et pourtant le premier que je vois, un soir de dernière parisienne (pour le moment) mais je suis devenue fan en l’espace de quelques secondes tant la prestation suinte de talent. A tous les niveaux !
Certes, j’ai l’habitude des spectacles musicaux. J’ai déjà applaudi Marion Lépine dans Opérapiécé et je connais l’univers de la chanson À capella pour avoir notamment assisté à des représentations des Cinq de coeur, du superbe travail de Fork, et du non moins intéressant groupe franco-allemand Les Brünettes.
Croyez-moi si vous voulez, je place les Divalala un cran au-dessus. J’ai tout aimé, à commencer par une interprétation exemplaire car les voix sont belles, les rôles répartis équitablement entre les trois femmes. Chaque "chanson" s’inscrit dans un univers particulier avec sa propre chorégraphie et ses éléments de costumes. Les éclairages installent un décor sans avoir besoin de beaucoup d’accessoires. Les textes sont ciselé à la perfection, reprenant souvent en medley des extraits de chansons qu’on a énormément aimées. La prouesse est de les restituer sans les déformer et sans jamais tomber dans l’ironie tout en maîtrisant un coté kitsch parfaitement assumé.
C’est qu’il y a de l’humour et de la profondeur. Les choix de paroles sont nettement féministes et profondément humanistes.
C’est adapté à tous les âges. Les anciens se régaleront de voir les artistes sautiller sur l’air de tuyou -tou-tou de Véronique et Davina et seront cueillis par Les moulins de mon coeur, la musique oscarisée de Michel Legrand ou celle de Capri c’est fini qui s’achève en glissant vers le Boléro de Ravel. Les moins vieux seront émus de réentendre les si belles paroles d’au-revoir de Dominique À à son amour. Les plus cultivés reconnaîtront avec plaisir l’inspiration d’Edmond Rostand pour la tirade des adieux. Les plus jeunes riront des Nuits d’une Demoiselle sur le mode 2.0 qui est un petit bijou (on salue cette réécriture dusuccès de Colette Renard par Jeanne Cherhal).
A chacun de grappiller et reconnaître les extraits des tubes d'Elsa, Alain Chamfort, Claude Nougaro, Johnny, Sardou, Soprano, Demis Roussos, Cora Vaucaire, Hervé Vilard, Alain Bashung...
Le rapport au public est sympathique, avec quelques sollicitations bien pensées. Et des conseils comme celui de ne pas s’installer dans ce qu’elles appellent la procrastination amoureuse.
Je n’ai pas peur de vous mettre l’eau à la bouche. Je suis certaine qu’elles vont revenir sur la scène du Palais des Glaces en automne prochain. Et d’ici là elles seront au festival Off d’Avignon, au Théâtre du Roi René où Hélène Zidi programme toujours des succès. Elles occupent le dernier créneau de la journée, celui qui permet au public de se reposer d’une journée éreintante en absorbant des notes joyeuses dans la tête.
Je pense que j’aurai du mal à ne pas retourner les voir cet été. Pour me régaler encore une fois.
Les Divalala de et avec Angélique Fridblatt, Gabrielle Laurens et Marion LépineMise en scène de Freddy Viau, Orchestration vocale de Raphaël Callandreau,Chorégraphies d'Eva Tesiorowski, Costumes de Black Baroque by Marie-Caroline BéhuePerruques d'A&R,son de Olivier Coquelin, lumières de James Groguelin et Eric SchoenzetterDu 11 Octobre 2021 au 11 mai 2022Au Palais des Glaces / 37 rue du Faubourg du Temple, 75010 Paris / 01 42 02 27 17Au Théâtre du Roi René, du 7 au 30 juillet 2022, à 22 h 35 sauf les lundis (durée 1h 25)