(à J.M. ti-père néo-cinquantenaire, aujourd'hui qui n'est pas à hui, mais bien à lui)L'authenticité n'a pas toujours été au coeur des actions dans les merveilleux monde de la musique. Les questions sur le sujet ont toujours existées. Est-ce qu'Elvis était moins artiste que les Beatles parce qu'il ne composait pas ses oeuvres ? Led Zeppelin est il moins un bon band en piochant dans le matériel des autres dès son premier album ? Et entre vous et moi, la différence entre les Rolling Stones, les Monkees, les Sex Pistols, Madonna et One Direction est elle si grande ? Ne sont-ils pas aussi les créations de gérants qui avaient un sacré flair pour leur époque en ce qui concerne le marketing musical ?
Peut-être plus que n'importe quel art, la musique souligne à la fois l'authentique et le synthétique. Mais il y a une ligne à tracer. Où y en a-t-il vraiment une ? Voici quelques histoires de l'univers de la musique qui ont joué avec les limites de la légalité. C'était des arnaques. Des déceptions calculées.
Étaient-elles dans l'esprit du rock'n roll ? À vous de juger.

L'illusion: La formation britannique The Zombies, fondée en 1962 par Rod Argent, Paul Atkinson & Hugh Grundy, à St Albans, ont livré un gros hit, en 1964, qui a cartonné aux États-Unis autant qu'en Angleterre. La chanson a surfé sur la vague d'invasion britannique qu'avaient imposé les Beatles, et elle est même devenue immortelle et très représentative des années 60. Le hit est si important que le second single vendra aussi beaucoup, même si beaucoup moins bon. Le groupe a vite disparu. Jusqu'à 1969 où ils cartonnent de manière surprenante, aux États-Unis surtout, avec Time of the Season. Autre morceau mythique des années 60. Il faut se rappeler que les artistes de l'époque ne se présentent pas encore d'abord par l'oeil dans un vidéoclip ou avec des photos, mais plus souvent par l'oreille, à la radio. On part en tournée afin de capitaliser sur la seconde vague d'intérêt autour du band.

Silibil N' Brains


Platinum Weird


L'authenticité: En 2004, Stewart et DioGaurdi composent ensemble des morceaux pour les délicieuses-pour-l'oeil Pussycat Dolls. Mais ce qui est proposé par le duo est plus de l'ordre de Fleetwood Mac que des poupées bébés chats. Mais Jimmy Lovine, patron de l'étiquette qui les emploit, aime beaucoup ce qu'il entend. Il les pousse à créer davantage et les incite aussi à tricoter une fiction du passée qui vendrait le band avant l'heure. On tourne même un clip qui suggère bien 1974. La chanteuse présentée n'étant pas du tout DioGuardi. Avant 2006, année de sortie de l'album. Erin Grace n'a jamais existée. Mais le documenteur lui donnait beaucoup de crédibilité. Le clip aussi. Stewart, inconfortable avec tout ça, avoue tout dès 2006. DioGuardi faisait même parti du documentaire.
Orion


L'authenticité: Sam Phillips avait vendu Sun Records au peu scrupuleux Shelby Singleton, en 1969. Dans l'année suivant la mort du King, Singleton exploite le deuil national des fans et leur très grande naïveté. Le musicien de session Jimmy Ellis est aussi, tristement accessoirisé. Celui-ci, a effectivement à peu près le même timbre de voix que Presley. Il est désormais fameux. Mais très inconfortable dans son rôle dur à tenir. 5 ans plus tard, après avoir extraordinairement limité ses présences publiques, il en a assez, révèle le tout et enlève le masque. Mais continue de se produire. Ce qui n'intéresse maintenant personne. Dans les années 90, pathétiquement, Ellis redevient Orion, jusqu'à sa mort, en 1998. Assassiné dans le magasin de prêteur-sur-gages qui était le sien, en Alabama, lors d'un vol à main armé. Prêteur sur gages...ça ne s'invente pas...

Technotronic
L'illusion: Elle est très belle, autant dans le clip que sur la pochette. La chanson fait mouche. Tout le monde danse Pump The Jam, tout le monde s'amuse sur le beat d'une rare rappeuse. Elle serait belge, mais chante en anglais. La chanson vend 300 millions de fois. Croisé de hip hop, dance, hip house, elle sera #1 en Belgique, Islande, Espagne et au Portugal. Faisant merveilleusement bien aussi, partout ailleurs dans le monde.


ABC
L'illusion: La formation de Sheffield, en Angleterre, a lancé deux albums depuis 1980. Le premier avait attiré l'attention, le second, avait éteint l'intérêt. En 1985, on revient avec un troisième effort, présenté par un single, lui, accompagné d'un clip, qui nous présente maintenant deux nouveaux membres du groupe: David Yarritu et Fiona Russell Powell. Ça fonctionne bien, le single sera leur plus vendu de leur histoire (alors, battu deux ans plus tard)

Milli Vanilli


L'authenticité: Du lip-synch sur scène ne cause plus d'émoi. Même que près de 90% des artistes de 25 ans et moins utilisent du pré-enregistré sur scène. Lors d'une présentation sur scène du tandem, le cd pré-enregistré saute. Pilatus est si humilié qu'il quitte la scène, Le public ne semble pas particulièrement outré. Sinon que le spectacle a une longue pause pas tellement claire avant de reprendre le show. Ni l'un ni l'autre ne chante. Le producteur allemand Frank Farian, qui a fait fortune avec Boney M dans les années 70, les prends comme beaux garçons présentables mais ce sont des musiciens de session qui font tout l'album vendu plus de 10 millions de fois. On leur retire leur Grammy, 4 jours après que Farian eût confessé la supercherie. On rembourse le citoyen consommateur jusqu'en 1992. Les poursuites ne cesseront pas. Avec succès variables. On dévoile les vrais artistes avec un nouvel album en 1991 : pas d'intérêt. Morvan et Pilatus enregistrent quand même un disque, en 1993, avec leurs vraies voix, pas d'intérêt non plus, 2000 ventes. L'étiquette fait aussi banqueroute. Tragiquement, sans que ce ne soit jamais clair si il s'agit d'un suicide ou non, tout juste avant de partir en tournée et de lancer un nouveau disque (qui ne sera jamais lancé), Rob Pilatus est retrouvé mort, en surdose.

L'illusion: En tournée en Europe, au tournant du siècle dernier, le virtuose violoniste d'origine autrichienne Fritz Kreisler prétend avoir découvert des morceaux jamais entendus de grands auteurs comme Bach, Vivaldi, Pugnani et autres artistes du répertoire classique moins connus. Il les joue avec succès dans les librairies et les monastères. Avec cette angle mystérieux, il se démarque de ses contemporains, et lors de ses performances, ces morceaux sont attendus et seront sa signature. Les morceaux, avec le temps, sont si bien joués qu'ils deviennent même composante des répertoires des auteurs.

Les Serins


Jönsson, égaré
L'authenticité: Le duo n'est même pas Québécois. Ni même francophone. On le découvre à la sortie de leur second album, Sports Zeroes, ou Goyette et Jönsson choisissent de modifier des chansons originales au profit de noms de joueurs de baseball et de hockey. Ainsi, sur l'air de l'O Canada, on chante "Got Keith Moreland for Gloria Estafan (inexpliqué)" au lieu de "God, keep our land, glorious & free", sur Losing My Religion on transforme "That was just Sid Bream... et "I thought that it was Craig Ludwig" au lieu de That was just a dream et I thought that I heard you laughing et comme dernier exemple, le refrain de Stand By Me devient désormais Stan Bahnsen. Ridicule. Quand un journaliste demande à Goyette depuis quand joue-t-il de la basse, et qu'il lui répond, "deux minutes", ça ne passe plus. Le Québec les déteste profondément maintenant et exige leur déportation. Goyette est envoyé en Indonésie pour y trouver l'amour et Jönsson, à Ville St-Laurent. Aussi bien dire, le goulag pour les deux.
Goyette, à l'état brut

La planète Amos.
** avec une ligne très vulgaire, soit Hi, I'm Eden, I want you, to kiss my snatch...
