Les éditions Bruno Doucey publient une anthologie de poèmes de femmes afghanes. Elle a été établie et traduite par Leili Anvar et Atiq Rahimi en a écrit la préface. Rassemblant des textes d’au moins cinquante femmes, elle est constituée de cinq parties ; dans ce blog j’en publierai un poème de chaque partie.
Aujourd’hui, extrait de la première partie, « entends le cri sans voix », voici un poème de Bahar Sa’id.
Bahar Sa'id
Rideau
Le voile noir ne me cache pas
Mon visage découvert ne me dénude pas
Comme le soleil, je brille derrière le rideau
Et les ténèbres ne sauraient me faire masque
Si ces pieux croyants n’avaient pas une foi faible
Ils n’auraient pas besoin de me couvrir ainsi
Toi qui viens du droit chemin des vertus
Comment perds-tu le nord en voyant mes cheveux ?
Qu’ai-je à faire d’un donneur de leçons faussaire
Pourquoi porterais-je sur MA tête le poids de TES faiblesses ?
Mais où est la justice en cette décision?
Que toi tu sois pécheur et moi je vive en enfer !
Au lieu de voiler mon visage, ô conseiller mal venu
Jette un voile sur tes pulsions coupables !