J'imagine souvent, entre deux phrases de quelqu'un, quelque part, tentant de faire usage de la parole, à moi ou à d'autres, l'enfant qu'ils étaient à la petite école. Je suis certain que je ne me trompe pas souvent. Pas mal certain même. Ce sont des observations que je conserve pour les habitants de ma planète. L'Homme, avec un grand H, de la planète terre, est très très souvent simplement la prolongation de l'enfant qu'il a été à la petite école. Ça semble totologique, mais même dans la dynamique sociale avec les 400 000 personnes qu'il/elle aura rencontré par la suite, il/elle restera pas mal le même. Reproduira les pulsions. Je ne fais pas exception, je refais, à 50 ans, des listes de lecture sur Spotify comme je faisais des cassettes de musique, ado. Avec le même plaisir.
Chatoo qui parlait trop inondera Twitter de choses qui commandent l'attention mais qui n'était pas plus nécessaires que quand elle parlait tout le temps en 4ème année. Ding Dong Dan sera toujours passionné par quelque chose. Hamel dira toujours les choses les plus idiotes simplement pour faire réagir et se donner une raison d'exister. Jen G sera toujours jalouse de tout le monde. Jen B sera toujours prête à mentir pour avoir raison.
Un peu comme dans la chanson des années 30 disait "What's the use of prohibition ? you produce the same conditions".
Que je traduirais librement par Peu importe le temps qui passe, tu restes le même enfant répétant les même réflexes.
J'ai vu une photo dans ce long week-end de la fête des patriotes, au Québec qui m'a fait pensé à deux anecdotes de mon jeune temps.
1983 (autour de). Je suis étudiant dans une école qui ne contient que des jeunes garçons. Une école socialement déficiente, donc. Des soeurs catholiques d'une église qui a son siège à St-Boniface, au Manitoba, sont en charge de cette école et les deux seuls mâles, adultes, de cette école sont le curé qui règne en maître suprême et le professeur d'éducation physique. Pour se rendre au cours d'éducation physique en tenue sportive, on se change dans le corridor. Julien Pin est un humain à la peau noire. Il n'y en a pas beaucoup dans la région où j'habite. Il a aussi un accent français. Est originaire de la France. Et n'a pas mué. C'est facile de se moquer de lui. Il a beaucoup de critères qui le démarque sans même qu'il ne fasse trop d'efforts et il devient vite la tête de turc. Il semble aimer l'attention qu'il commande, toutefois, et il s'en amuse. Ça le fait se sentir important. Je ne me rappelle pas qu'on ait utilisé le mot en "N" et ses dérivés, pour lui parler ou parler de lui. Les soeurs veillaient à notre bonne éducation. Dans le corridor, un jour, Julien, comme nous tous, se change. Toutefois, voulant aller trop vite, en baissant son pantalon pour enfiler ses culottes courtes, il baisse aussi sa petite culotte, involontairement. On a tous le réflexe pudique de se changer cachés derrière nos manteaux le plus possible, qui sont accrochés sur des crochets. Julien hurle "OH NON!!!!!!!!! JE SUIS TOUT NU, J'AI BAISSÉ AUSSI MES CALEÇONS!!!!". Si il ne le hurle pas, on ne le saurais peut-être jamais. Il l'a donc peut-être fait aussi, volontairement. Pavovliens, comme si on nous avait dit "regardez pas ça!" on va tous vers lui, voir. Il est assis sur son cul, refusant de se lever afin de ne pas se montrer nu, mais il rigole et s'amuse de sa situation. Mais pas autant que nous qui restons platement devant lui, au zoo, attendant qu'il se passe quelque chose avec l'animal. Ça dure une éternité ou de temps à autres, il nous hurle de sa voix de flute de nous en aller. On fait les têtes dures, On reste devant lui, l'encerclant, lui sur ses fesses, le dos collé au mur les genoux remontés. Certains d'entre nous veulent peut-être vérifier la rumeur autour des pénis d'humains à la peau noire. Il savoure grandement le (trrrrrrrrrrrrrrrrrès long) moment. Il a toujours le sourire. Un sourire sur un visage si noir, ça parait beaucoup. Soeur Claudette devra intervenir.Grenier
L'autre anecdote qui me vient en tête est celle de Guillaume Marier. Nous sommes en secondaire I, nous avons maintenant 12 ou 13 ans. Nicolas Grenier est un élève de notre classe et il est de très petite taille. Certains d'entre nous on pris cet attribut en considération pour en faire parfois, un souffre-douleur. Je remarque toutefois qu'il n'en avait jamais eu la personnalité. Et que ça l'affecte de manière déstabilisante. On est tous "à la grande école" pour la première fois de notre vie, arrivant de partout, on fait tous nos tranchées dans cette nouvelle guerre sociale. Guillaume Marier est pour sa part à peine plus grand que Grenier et arbore une coupe de cheveux de joueur de guitare-clavier. Il s'habille bien et on sent qu'il est issu d'une famille assez bien nantie. Mais socialement, il n'est pas très habile. Il fait croire qu'il aime Depeche Mode mais ne peut nomme aucune de leurs chansons. Il colle aux groupes de gars, mais intervient peu et souvent, le fait mal.Marier
Par exemple, alors qu'on est une bande de gars autour de Nicolas Grenier, et qu'on lui lance des vannes (à Grenier), Marier tente, à son tour de lui dire quelque chose de blessant. Grenier encaisse de tous, mais quand ça vient de lui, il trouve que s'en est trop, et lui lance quelque chose qui ridiculise Marier. On éclate tous de rire. "Owned" dirait-on de nos jours. Grenier avait tracé la ligne de l'injure sociale et Marier se trouvait du côté de ceux qui ne pouvaient pas se moquer de lui, selon lui. Un peu plus tard, le même jour, en classe, Grenier est situé tout juste à côté de moi. Marier ne pense pas laisser les choses ainsi. Il s'approche de son bureau avant que le cours ne commence et se penche sur Grenier afin de lui chuchoter quelques menaces. Je n'entends pas ce qu'ils se disent mais Grenier rougit. Intimidé, de colère, ou les deux. Assis à son bureau, alors que Marier est debout devant lui mais toujours penché sur son oreille, Grenier lui saisi le cou en lui empoignant et le catapulte si vivement au sol qu'on a l'impression que Marier fait une roue. Un de ses souliers quittant son pied afin d'aller atterrir sur une lumière suspendue du plafond. L'enseignant intervient en criant le nom des deux élèves et les somme de retourner à leur place. Il a l'excellente idée absurde de refuser qu'on essaie d'aller chercher le soulier presqu'au plafond, sur la lumière suspendue, afin de rajouter l'insulte à l'injure.
Immatures Complotistes
Pendant quelques secondes, Marier reste debout devant Grenier, maintenant c'est lui qui est très rouge, et se comporte comme si c'était lui qui venait de donner une leçon à Grenier. Mais maintenant ce sont nous qui avons tracé une ligne. On a tout vu. Pour les 5 ans qui suivent, c'est Marier qui peinera toujours à s'imposer. Il faisait pitié.Comme tous ces gens que je voyais sur la photo, vue pendant le week-end. Daniel Pilon, Amélie Paul, Mel Goyer, Jocelyn Benoît, Lynda Bisson, François Dallaire et on souligne l'absence du terrible, mais tellement terrible, André Pitre. Qui porte merveilleusement bien son nom de famille. Je leur fait le plus grand honneur en les identifiant. Peu d'intelligence loge dans leurs regards.
Les mêmes, prêts au selfie
Tous des résistants aux mesures sanitaires et aux explications face aux mesures sanitaires, Prêts à inventer des choses pour faire valoir leur point. Et tellement, tellement heureux de cette pandémie qui leur a donné une raison d'être et amené une risible visibilité. Ils/elles ont tous 12 ou 13 mentalement. Et font/feront beaucoup afin de commander l'attention. Ils se sont réunis afin de penser, ensemble à une idée de film qui serait appelé Complotistes. Et qui serait le portrait humanisé d'eux-mêmes, qu'on appelle, très justement, complotistes.Il n'y a pas plus manipulateur que la conception d'un film. J'y ai travaillé. Je sais de quoi je parles.
Si le narcissisme tuait, cette photo ne montrerait que des morts.
Mais ces gens ne croient pas aux morts de la Covid.
Ils se disent patriotes. Ce qui est la pire insulte à la mémoire des vrais patriotes qu'on honore aujourd'hui.
Ils sont Guillaume Marier se tenant debout devant celui qui lui a fait faire la roue devant tout le monde et forcé de passer le reste du cours un pied chaussé et pas l'autre.Humilié pour le reste de son passage au secondaire.
Ces prétendus patriotes sont l'immaturité sans évolution.
Cherchant une attention qu'ils ne méritent pas tant.