Samedi dernier était jour de deuil pour l'équipe de l'émission phare de New York, à saveur canadienne (son producteur, Lorne Micheals étant d'origine canadienne) Saturday Night Live. Rare, sinon, unique émission de sketch majoritairement en direct, en Amérique du Nord. Pas un mais 4 artistes de la scène et de la création des sketchs, Aidy Bryant, Pete Davidson, Kyle Mooney et Kate McKinnon faisaient leur dernier tour de piste abandonnant (où serais-ce l'inverse?) l'émission lors de la finale de la saison.
Dès sa toute première présence, en Pénélope Cruz, McKinnon avait fait forte impression, en 2012. L'accent Catillais qu'avait donné Kate à sa Pénélope avait fait craquer tout le monde. Son personnage, construit autour d'un difficile accent, et d'un narratif la dirigeant vers les défis de prononciations, avait véritablement fait mouche. Sur les 10 ans qui suivront, elle héritera souvent des meilleurs personnages, dans les meilleurs sketchs comme dans les plus touchants. Sa célébrité ne faisant qu'en grandir, tout en restant fort dignement discrète sur ses espaces privés, Ses personnages seront souvent livrés/écrits avec une habileté rare.
Au lieu de verser dans une larmoyante finale, on a intelligemment (Les Canadiens sont comme ça) choisi de faire les hommages et les clins d'oeil dès le départ. McKinnon a eu l'honneur d'ouvrir la soirée dans la peau de son personnage de Colleen Rafferty, une prétendue "kidnappée par les Extra-Terrestres" qui raconte ses expériences, rappelant davantage des orgies. Chaque présence de son personnage faisait décrocher les autres participants du sketchs à toutes les fois. Ryan Golsing, en tout cas.
Samedi, le sketch suggérait que l'un(e) des témoins de présence extra-terrestre quitte pour toujours à bord d'un Objet Volant Non Identifié, et Colleen était la nécessaire candidate. Se tournant vers la foule, dans la porte du vaisseau, laissant passer un clair hommage de la foule envers elle qui y lisait plus qu'un sketch, elle a tendu la main, émue, en disant "Merci à la terre, je vous aurais aimé, merci de m'avoir laisser y faire mon tour". Subtilement touchant.
McKinnon a beaucoup accompli en 10 ans. Sa contribution était importante dès le départ, en 2012, quand les talents comiques de Bill Hader, Fred Armison, Jason Sudeikis et Seth Meyers s'y trouvaient encore. Dès la saison suivante, c'était ces 4 là qui n'y étaient plus. Quand on quitte SNL, c'est comme avec un club de sport. Parfois on tombe en complète reconstruction. McKinnon quittant SNL est un gros morceau qui part pour de nouveaux défis. Une joueuse de répertoire.
À bien des égards, elle était le coeur de SNL. Personnellement, je l'ai trouvé belle dès la première fois. Et mon respect envers cette Femme drôle n'a que doublé quand j'ai appris qu'elle était lesbienne. Passionnée par les Femmes ? Je ne peux qu'y reconnaître un fameux point commun avec moi. respect pour toutes les homosexuelles. Et qu'est-ce qu'elle me fait rire ! Elle n'est pas que brillante au coeur d'un sketch, mais était aussi fabuleuse comme second violon dans les sketchs des autres. Sachant, avec intelligence, quand jouer quoi, sans voler le moment des autres. Une formidable joueuse d'équipe. Elle ne s'isolait pas, mais savait placer les autres à l'aise. Savait aussi les faire dérailler tellement elle pouvait être comique (le restera surement). Dans chacun des sketchs l'impliquant, elle semblait toujours avoir le plus de plaisir.
En tant que première Femme gay (publiquement)de la distribution de SNL, elle a joué les personnage queer avec une twist assez extraordinaire. Punchée. Les amusantes satyres étaient intelligemment scriptées et on offert une importante visibilité aux personnages LGBTQ en comédie. Elle savait pointer du doigt au bon moment.
Politiquement, elle était formidable. Angela Merkel, Jeff Sessions, Rudy Giulani, Hillary. Bouleversante dans une intro atypique, le premier samedi d'une présidence atypique, et phénoménalement sale. Deuil de dignité national fameusement présenté.

Aidy Bryant était acceptée dans l'équipe la même année que Kate. S'est retirée subtilement avec une ligne échangée avec son partenaire Bowen Yang, faisant référence à 10 merveilleuses années. Ce à quoi Bowen lui répondra "Mon amie, je n'aurais été rien sans toi". Rire et faire pleurer.



Bien joué de la part de tous.
Ce n'est pas inhabituel pour les équipes de SNL de faire sang neuf. Mais perdre McKinnon, c'est un peu perdre une ancre.
La navire ne coulera pas. Mais doit se trouver un moyen de réacoster avec le même public.
We loved you Kate.
Still do.
