Chaque mois, dans ses 10 premiers jours, tout comme je le fais pour la littérature (dans ses 10 derniers) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu) je vous parle de l'une des mes trois immenses passions: le cinoche !!!Je l'ai largement consommé, étudié, en fût diplômé, y ai travaillé, en fût aussi récompensé, en suis sorti, mais le cinéma ne sortira jamais de moi.
Je vous parle d'un film qui m'a marqué par ses thèmes, sa réalisation, ses interprètes, ses dialogues, son histoire, son audace, sa cinématographie, sa musique, son montage, son traitement, bref, je vous parles d'un film dont j'ai aimé pas mal tous les choix.
Comme nous nous dirigerons, dans 10 jours, en France, avant de passer la semaine suivante en Suisse, et que je vous avais déjà parlé souvent de Godard, il me semble maintenant assez normal de vous parler d'Eric Rohmer.

Un cinéaste, pas ordinaire.
Dans Night Moves, d'Arthur Penn, en 1975, le personnage de Gene Hackman dit à une copine, un moment, "J'ai déjà assister au visionnement d'un film d'Eric Rohmer...c'est comme regarder de la peinture sécher sur les murs...".
Non. C'est une musique qui n'est pas que du bruit. Ce sont des mélodies qui ne sont pas pour tous.
LE GENOU DE CLAIRE d'ERIC ROHMER.

Il citera Blaise Pascal, Jean de la Bruyère, François de la Rochefoucaud et Stendhal comme inspirations pour ses 6 films dont Le Genou de Claire est l'avant dernier du cycle. Il était précédé de La Boulangère..., La Carrière de Suzanne, La Collectionneuse et Ma Nuit Chez Maud. L'Amour, l'Après-Midi clôt le cycle.

Entre le 29 juin et le 29 juillet 1970, (le film est aussi tourné, en 1970), les vacances du prochainement marié Jérôme, diplomate de profession, lui font rencontrer une ancienne amie, qui elle, l'introduit à sa concierge, dont la fille, adolescente, tombe amoureuse de Jerôme, ce qu'elle lui confesse après une randonnée en montagnes. Une semaine plus tard, la belle soeur de Laura, Claire, vient bouleverser les sens de ce même Jérôme, quand, en montant dans une échelle, il est épris d'une forte envie de lui toucher le genou dénudé, ce qu'il se retiendra de faire.

Très clairement, Rohmer aimait tourner en cycle. Il disait que c'était ainsi que des adeptes se forment. Woody Allen, Martin Scorcese, et combien d'autres suivront cet exemple. Ce n'était que le second film tourné en couleurs pour Rohmer. L'eau et les montagnes y sont honorés. Avec son film précédent, Ma Nuit Chez Maud, Rohmer avait atteint le consécration internationale avec le prix Max Ophüls et fût adulé au Festival de Cannes, en plus d'être en nomination pour le meilleur film étranger aux Golden Globes, ici, en Amérique, en plus d'être nommé aux Oscars dans les catégories du meilleur film étranger et du meilleur scénario. Rohmer porte un regard éthique et existentiel sur la notion de choix, et le désir y est fameusement évoqué avec une subtilité tout à fait charmante.

J'ai découvert Rohmer par Pauline à La Plage, dont la jeune protagoniste, Amanda Langlet, semblait avoir mon âge à l'époque. Après vérifications, elle a 5 ans de plus que moi. Mais j'en était amoureux quand même de cette jeune fille, prisonnière d'un monde de grands, vivant des histoires "de grands".


J'étais amoureux des genoux féminins avant ce film. Je suis aussi devenu amoureux des films de Rohmer.
Et un Fabrice Luchini adolescent, c'est quand même marrant.
Deux fois Luchini, en autant de mois, houlà...Je commence à avoir Paris dans le sang.
