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Sur une confidence de la mer grecque

Publié le 18 février 2008 par Tecna

Sur une confidence de la mer grecque Andrés Sánchez Robayna / Antoni Tàpies

SUR UNE CONFIDENCE DE LA MER GRECQUE
présenté et traduit par Jacques Ancet
Gallimard
Ce n'est pas la première fois qu'Andrés Sánchez Robayna travaille avec Antoni Tàpies, mais c'est la première fois que leur collaboration est aussi étroite. " Sans doute parce qu'une même recherche les anime. Par-delà les images familières, les routines perceptives de la réalité, mais en même temps avec elle, avec ses matières, ses objets usés, la quête de cet illimité, de ce vide de formes que traverse une énergie, où tout s'abîme et s'engendre à la fois. "
A cette double suite de poèmes où dialoguent passé et présent, ténèbres et éblouissement, morts et épiphanies, éternel et éphémère, répond, porté par la même tension, chaque dessin de Tàpies: présence charnelle des empreintes de mains sur la blancheur sans fond de la page, signes désordonnés de ce qui se défait et se fait, disparitions, apparitions. D'où le prix de ce petit livre. Ces affinités, cette fraternité des deux démarches qui, chacune dans son ordre, répond à l'appel, aux sollicitations de l'inconnu
.

DEUX ou trois nuages.
Et puis l'immensité de l'air tremblant,
dans la brume de l'aube.
Les paupières
de la mer surgissaient.
Surgissaient et frappaient.
Elles frappaient
les flancs de la lumière.
Ces signes là blessaient.
 
C'ETAIT l'attente, la mer du matin,
les côtes
entrevues, solitaires,
désertes,
la pupille solaire.
Quel jaillissement ! Tu pus
l'ouvrir, une pupille
entretissée à l'autre, apercevoir
les côtes, lumière
entretissée qui se répand de très lointaines pierres
et traverse la brise,
pleine d'espace, couvre
cette théorie d'îles dispersées.
 
TU ENTENDIS
presque inaudible, engloutie
au fond des puits de la lumière,
une rumeur, une syllabe presque,
parmi les eaux.
Elle tombait du tympan,
dans l'espace
du non dit, de l'indicible peut-être,
elle tombait, brève
rumeur saline, dans le silence.
Tu l'écoutais naître
au dicible, de l'inarticulé.
 
PEU A PEU le soleil, dans son domaine,
prit possession des eaux, et mit l'ombre
dans l'écume, créa le grand vide des vagues.
Ecroulées et soudaines, les vagues
saluaient le soleil et renaissaient.
De hautes lueurs dansaient sur la mer d'été.
Les dieux souriaient sur les eaux brillantes.
Qu'ils ne meurent pas ces dieux. Qu'ils sourient
dans l'éternel, la mer soit leur sourire.
 


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