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La religion dans l'alcôve des écritures publiques. A propos de L'islam et la raison de Malek Chebel

Par Plumesolidaire
La religion dans l'alcôve des écritures publiques. A propos de L'islam et la raison de Malek Chebel

Je n'avais pas indiqué la date de cet article
que j'avais publié initialement
dans Ecritures publiques et Monde arabe.

7 juin 2022

Il est fréquent que nos ami(e)s de confession musulmane expriment leur reconnaissance à l’égard des prestations que nous leur rendons, et des relations cordiales que nous entretenons, par des exclamations joyeuses telles que : Que Dieu vous bénisse ! Que Dieu vous protège ! C’est le Prophète qui vous envoie !

Le bénévole le plus ancien, co-fondateur de notre association, par ailleurs docteur en droit et avocat, achève un jour un courriel qu'il m'adresse par un enthousiaste Inchallah !

Au printemps, dans le métro, une dame africaine très pieuse que j'accompagnais ce jour là au cabinet de son avocat, m’a confié à l’oreille, avec affection, qu’elle remerciait le Seigneur de m’avoir envoyé sur son chemin.

L’un de mes meilleurs amis m’a fait savoir dernièrement dans un courriel, que Le destin est fait pour qu'on se rencontre et pour que tu puisses m'aider. Mon bon karma t'a emmené vers moi en quelque sorte comme on dit chez nous.

Au Liban, si j'avais dans une autre vie œuvré sans distinction auprès de toutes les catégories de populations susceptibles de faire appel à l’écrivain public, au tableau d’honneur que je viens de dresser, j'aurais pu peut-être ajouter - dans ce pays qui compte dix huit confessions  représentées en tant que telles à l’Assemblée Nationale - quelques louanges chiites, sunnites, alaouites, ismaélites, maronites, grecques orthodoxes, grecques catholiques, arméniennes orthodoxes, arméniennes catholiques, protestantes, catholiques romaines, syriaques catholiques, syriaques orthodoxes, assyriennes, chaldéennes, coptes, druzes, juives, hindoues et bouddhistes.

Si la félicité spirituelle dans la gloire éternelle était ma principale préoccupation, c’est peut-être au Liban que j'aurais dû choisir de m’établir.

Pourtant, je dois  reconnaître que si ces compliments me vont droit au cœur, ils égratignent aussi ma raison.

Certes je conviens que la foi peut déplacer des montagnes. Mais ma profonde conviction dans la puissance de l’intelligence humaine pour régler les affaires des hommes ici-bas, me conduit - hélas -, à constater que je ne déplace que les pierres que je peux porter - seraient-ce des cailloux dans des chaussures -, avec le sentiment parfois de ressembler à Sisyphe….

Profondément attaché à la pensée d'Albert Camus, à la laïcité et aux valeurs de la République, je suis toujours surpris de l'irruption de la spiritualité dans nos relations avec les usagers dans l'enceinte d'une collectivité publique, où Dieu d'où qu'il vienne n'est pas censé, en principe, avoir sa place.

A quoi je réponds simplement que, si j'ai choisi d'exercer l'activité d'écrivain public, c'est par choix personnel et raisonné, que c'est bien moi qui accomplis les démarcheset que je n'ai jamais eu recours ni à Dieu ni à la foi religieuse pour guider ma plume.

L'impérieuse nécessité de préserver la Fraternité républicaine compromise de toutes parts, par une action civique volontaire et constante, me suffit.

Athée*, cela me conduit cependant à rechercher les voies d'un islam éclairé et compatible avec ma culture française et avec la République. D'où mon premier article sur ce thème, L'islam laïque de Hussen Chalghoumi.

Pour ajouter une pierre à cet édifice, le livre de Malek Chebel nous rappelle que cette voie a existé dans l'histoire de l'islam, et qu'elle persiste. Surtout, qu'elle ne se confond pas avec celles de certaines formes d'expression du salafisme ou du wahabisme d'aujourd'hui.

Qui s'illustrent par les massacres interreligieux qui divisent les populations musulmanes en premier lieu.

Je n'ai pas oublié l'interdiction qui m'a été faîte il y a quelques années, de pénétrer dans les mosquées de la médina de Fès, en raison du simple fait de mon état d'incroyant et d'infidèle.

Alors je préfère demeurer infidèle aux yeux d'une partie des musulmans, mais fidèle à moi-même. Et croyant aux valeurs inclusives de la République.

Plume Solidaire

* Ce qui a changé depuis cette époque, c'est que je suis devenu bouddhiste...

La religion dans l'alcôve des écritures publiques. A propos de L'islam et la raison de Malek Chebel

Je n'avais pas indiqué la date de cet article
que j'avais publié initialement
dans Ecritures publiques et Monde arabe.

7 juin 2022

Il est fréquent que nos ami(e)s de confession musulmane expriment leur reconnaissance à l’égard des prestations que nous leur rendons, et des relations cordiales que nous entretenons, par des exclamations joyeuses telles que : Que Dieu vous bénisse ! Que Dieu vous protège ! C’est le Prophète qui vous envoie !

Le bénévole le plus ancien, co-fondateur de notre association, par ailleurs docteur en droit et avocat, achève un jour un courriel qu'il m'adresse par un enthousiaste Inchallah !

Au printemps, dans le métro, une dame africaine très pieuse que j'accompagnais ce jour là au cabinet de son avocat, m’a confié à l’oreille, avec affection, qu’elle remerciait le Seigneur de m’avoir envoyé sur son chemin.

L’un de mes meilleurs amis m’a fait savoir dernièrement dans un courriel, que Le destin est fait pour qu'on se rencontre et pour que tu puisses m'aider. Mon bon karma t'a emmené vers moi en quelque sorte comme on dit chez nous.

Au Liban, si j'avais dans une autre vie œuvré sans distinction auprès de toutes les catégories de populations susceptibles de faire appel à l’écrivain public, au tableau d’honneur que je viens de dresser, j'aurais pu peut-être ajouter - dans ce pays qui compte dix huit confessions  représentées en tant que telles à l’Assemblée Nationale - quelques louanges chiites, sunnites, alaouites, ismaélites, maronites, grecques orthodoxes, grecques catholiques, arméniennes orthodoxes, arméniennes catholiques, protestantes, catholiques romaines, syriaques catholiques, syriaques orthodoxes, assyriennes, chaldéennes, coptes, druzes, juives, hindoues et bouddhistes.

Si la félicité spirituelle dans la gloire éternelle était ma principale préoccupation, c’est peut-être au Liban que j'aurais dû choisir de m’établir.

Pourtant, je dois  reconnaître que si ces compliments me vont droit au cœur, ils égratignent aussi ma raison.

Certes je conviens que la foi peut déplacer des montagnes. Mais ma profonde conviction dans la puissance de l’intelligence humaine pour régler les affaires des hommes ici-bas, me conduit - hélas -, à constater que je ne déplace que les pierres que je peux porter - seraient-ce des cailloux dans des chaussures -, avec le sentiment parfois de ressembler à Sisyphe….

Profondément attaché à la pensée d'Albert Camus, à la laïcité et aux valeurs de la République, je suis toujours surpris de l'irruption de la spiritualité dans nos relations avec les usagers dans l'enceinte d'une collectivité publique, où Dieu d'où qu'il vienne n'est pas censé, en principe, avoir sa place.

A quoi je réponds simplement que, si j'ai choisi d'exercer l'activité d'écrivain public, c'est par choix personnel et raisonné, que c'est bien moi qui accomplis les démarcheset que je n'ai jamais eu recours ni à Dieu ni à la foi religieuse pour guider ma plume.

L'impérieuse nécessité de préserver la Fraternité républicaine compromise de toutes parts, par une action civique volontaire et constante, me suffit.

Athée*, cela me conduit cependant à rechercher les voies d'un islam éclairé et compatible avec ma culture française et avec la République. D'où mon premier article sur ce thème, L'islam laïque de Hussen Chalghoumi.

Pour ajouter une pierre à cet édifice, le livre de Malek Chebel nous rappelle que cette voie a existé dans l'histoire de l'islam, et qu'elle persiste. Surtout, qu'elle ne se confond pas avec celles de certaines formes d'expression du salafisme ou du wahabisme d'aujourd'hui.

Qui s'illustrent par les massacres interreligieux qui divisent les populations musulmanes en premier lieu.

Je n'ai pas oublié l'interdiction qui m'a été faîte il y a quelques années, de pénétrer dans les mosquées de la médina de Fès, en raison du simple fait de mon état d'incroyant et d'infidèle.

Alors je préfère demeurer infidèle aux yeux d'une partie des musulmans, mais fidèle à moi-même. Et croyant aux valeurs inclusives de la République.

Plume Solidaire

* Ce qui a changé depuis cette époque, c'est que je suis devenu bouddhiste...


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