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Gros politiciens, petite journaliste, belle pastèque

Par Abdesselam Bougedrawi @abdesselam
GROS POLITICIENS, PETITE JOURNALISTE, BELLE PASTÈQUE

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Sherlock Holmes reprochait à John Watson de voir et de ne point observer, et que les petites choses qu’on classe souvent dans les faits divers sont porteuses de bien grandes significations. Ceci peut s’appliquer à merveille à notre vie de tous les jours. Les petits événements, bien insignifiants, quand on les observe de près, ou quand on les analyse, sont ô combien éloquents, parlants, et particulièrement loquaces. Ils nous permettent, entre autres, de comprendre le fonctionnement de ce monde à part, celui des intellectuels, des politiciens, et des journalistes. Quand on met côte à côte l’ensemble des petits événements, cela nous permet d’avoir une vision lucide sur notre société. Ou du moins, d’en avoir un aperçu d’un de ses aspects particuliers.

Il y a de cela quelques années déjà, était sortie une loi. Je sais que le terme consacré est « promulguer ». Mais je ne vois pas pourquoi recourir à l’usage de mots si intelligents pour si peu. Puisque ce qui va suivre est si peu à première vue.

La loi, en elle-même, était la suivante : tout citoyen français a le droit de goûter un fruit avant de l’acheter.

La phrase que je devrais dire par la suite est : voilà à quoi sert l’argent de nos impôts. Là aussi c’est bien banal.

Probablement, me diriez-vous, pour quelles raisons je fais tout un plat pour une aussi insignifiante loi. Mais cela ne fait que commencer.

Le lendemain de la promulgation de cette loi – J’utilise malgré tout le terme consacré – une journaliste dès l’ouverture s’est pointée dans un marché. La séquence a été diffusée dans un journal télévisé. Elle a demandé à un jeune vendeur de pastèque de lui donner un morceau à goûter après elle verrait si elle achèterait ou non.

Je dois goûter avant d’acheter, c’est la loi, avait – elle dit.

Je reconnais que je force sur l’accent, mais elle avait dit cette phrase dans un accent parigot à couper la pastèque.

Le vendeur, bien évidemment, a refusé de lui donner ce petit morceau à goûter. C’est connu la pastèque est son gagne-pain. Et on ne fait pas goûter aux autres le pain si chèrement acquis, par la force des pastèques. S’ensuivit un petit imbroglio.

Voici donc, résumée, toute l’affaire de la pastèque.

Je pense qu’à ce stade vous ne voyez certainement pas l’importance de cet épisode. Et pourtant, il est ô combien parlant, ô combien éloquent, ô combien loquace. Il faudrait juste en faire une petite analyse pour en déduire plusieurs éléments :

  • Ceci résume une des grandes vertus des journalistes : s’attaquer aux faibles. Cette jeune journaliste savait très bien et pertinemment que si tout le monde goûtait aux fruits de ces pauvres vendeurs, partirait une partie de leurs ressources. Mais comme le vendeur fait partie des faibles, et comme elle était nantie de la force de la loi, elle s’est attaquée à lui tout en sachant qu’il n’avait pas d’autre puissance que celui de se défendre du mieux qu’il pouvait.

Il y a beaucoup de personnalités puissantes qui n’appliquent pas la loi, je ne sais pas si cette journaliste aurait eu le courage de venir dans leurs bureaux pour leur demander des comptes. S’attaquer aux plus faibles, vous rappelle, je suppose, quelque chose. C’est La Fontaine qui disait il y a bien longtemps que, selon que vous êtes riche ou pauvre, vous êtes blanchis ou noircis.

  • Le second élément est la célérité avec laquelle cette jeune journaliste s’est exécutée. Bien sûr la rapidité est proportionnelle à la faiblesse de la victime. Si on lui avait demandé de vérifier si des politiciens appliquaient réellement une loi, tout juste promulguée, je crois qu’elle aurait hésité et bien hésité, et ne serait jamais passée à l’action.

Il y a beaucoup de choses qu’on pourrait tirer de cet événement tout simple, mais je crois que cela suffit pour aujourd’hui. Il ne faut pas essayer, finalement, d’interpréter tous les faits divers de notre époque, cela est fatigant. Dans certaines circonstances, je crois qu’il est préférable de suivre son cœur, ensuite lorsque l’on n’a pas le choix, la loi. C’est ce qui fait de nous des êtres humains, et non pas de simples goûteurs de pastèque.

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