J’avais lu il y a quelques temps le premier opus d’Olivia Ruiz, La commode aux tiroirs de couleurs, découvert grâce au prêt d’une collègue, et qui s’était révélé être une bien jolie surprise. La même collègue m’a prêté son nouveau roman, comment résister ?… On aimerait bien, en cette journée de canicule, entendre la pluie tomber, comme le surnom d’Escouto, l’amant trop jeune de Carmen, qui donne son titre à cette histoire. De mon côté, j’ai eu un peu peur, je dois l’avouer, dans les premières pages, de friser la déception. L’écriture m’a parue en effet d’emblée trop rapide, trop elliptique, les caractères typographiques trop grands, de ceux qui amènent le doute sur un roman, écrit peut-être précipitamment ? Etions-nous en face du syndrome du second roman ? Et pourtant, et heureusement, sa poésie m’a entraînée, et je ne voulais pas m’avouer si vite vaincue. Au départ, le lecteur comprend que Carmen vient de perdre sa nièce adorée, Cali, mais pas vraiment pourquoi il est question d’un emprisonnement… Un très grand flash back remet tout en place. La vie de ce clan de soeurs à la tête d’un café s’éclaire, le rôle de Carmen, la plus jeune, la plus fantasque et la plus inconsciente aussi. Nous sommes à Marseillette, dans les années 60-70, et quand cette dernière suit l’élan de son désir pour Antonio, le madrilène, et qu’elle part pour l’Espagne, sa terre natale, elle ne sait pas dans quel guêpier elle vient de se mettre ni combien sa fratrie, à l’abri en exil, va en payer le prix… Au final, j’ai beaucoup aimé ce nouveau roman d’Olivia Ruiz, dans lequel on retrouve son énergie, son phrasé rapide (c’est vrai), mais aussi tout un univers sensuel et dangereux très attachant, qui ne se complaît pas dans la facilité ni le bien pensant. Elle pose là, sur le chemin de son écriture, un second petit caillou, différent j’ai trouvé de son roman fleuve précédent, mais bien intéressant, et plein d’échos en réalité (des personnages reviennent). A suivre, donc.
Editions Jc Lattès – 11 mai 2022
J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…
éé