Rougeparti DucduBidet, n'a rien de noble. Il est même pauvre comme job. C'est un collègue de travail. Appelons-le justement, Job. Il a à la fois une personnalité exécrable pour un gars comme moi, mais j'ai aussi extrêmement pitié de lui. J'ai rarement vu un gars (une fille oui, Bonnie S., oui, toi) manquer tant de jugement. Ça pourrait éventuellement devenir grave. Causer quelque chose de grave. Impliquer des choses graves. Il s'y connait en choses graves. À 12-13 ans, alors qu'il débutait "la grande école" secondaire, son père s'est tué sur un coin de rue, près de chez eux, sur la Rive-Sud. Il avait bu au volant. Job y a grandi, croisant ce coin de rue tous les jours. Me le montrant, une fois, ce qui fait que, quand j'était chauffeur, je ne pouvais jamais m'empècher de regarder ce coin de quartier sans penser à tout ça. Alors imaginez-lui. Ça a eu du bon, Job ne bois aucun alcool. Puisque ça lui a fauché son père. Son grand frère l'a probablement torturé car Job a un besoin IMMENSE de validation personnelle. Il va souvent dire des choses dans le seul but de se féliciter lui-même, ou de tenter de nous forcer à le faire. Ils sont deux à faire sa tâche, et la fille qui fait l'autre moitié de sa tâche, le quart disons, se nomme Valérion. Il est toujours extraordinairement disposé à la critiquer quand il y a une erreur dans le système de la part de Val. Il est même hyper fier par moments de découvrir que c'était elle qui s'était trompé, ça en devient très inconfortable de le voir célébrer que l'autre à raté. Maturité douteuse.
Val travaille de chez elle, elle n'est donc pas consciente de son ravissement quand elle merde. Job est pourtant nettement plus mauvais qu'elle. mais bon, je ne joue pas à cette petite joute d'ego mal placé. Job se dit "perfectionniste", mais le terme juste serait plutôt "anal". Il y a tant d'inutilité (manque de jugement, je vous dis) qu'il finit par admettre faire, et qu'on lui suggère de changer, qu'on finit par se sentir mal de lui en parler. Mais il trouve ça drôle. Il a quand même un bon fond. Naîf et relativement dénué de méchanceté, mais bon sang qu'il peut être maladroit. Il me rappelle souvent Gaston Lagaffe. Continuellement du côté de l'échec à presque tous les niveaux.
C'est là qu'il fait rire, malgré lui. Contre lui aussi,. Il sait se moquer de sa propre personne, ce qui est tout à son honneur, Il sait noyer son orgueil et non le contraire. Il me fait pitié car il vit des choses plutôt sombres. D'une première relation, il a une fille avec une jeune femme qui a refait sa vie avec un autre qui réussit mieux que lui. Il la voit très peu. En revanche, il a aussi refait sa vie avec une autre femme, appelons là Carol Ann. Avec elle, ils ont eux ensemble deux ans. Et au moins 6-7 ans de bonheur. Le plus vieux à aujourd'hui 5 ans, la plus jeune 3. Carol Ann travaillait dans une école. Pas enseignante, mais ortho ou quelque chose comme ça. La pandémie lui a fait complètement perdre la tête. À elle.
Complètement.



Ce que je raconte se passe sur moins d'une minute. Très vite. Je dis à voix haute à Fushia (la 19 ans) "25 moins 19...er..." j'hésite, je n'arrive pas à trouver la soustraction rapidement, je suis mentalement crevé on est le dernier vendredi d'une semaine si loooooooooooooooooongue. Fushia rajoute "Oh! je suis tellement poche en calcul mental..." le temps que je me resaisisse et que je dise "6". Mais Job a bondi de son cubicule comme un lapin et s'est glissé derrière nous, dans nos bulles, avec une évidente envie de flirt.

Là, en mode "petit coq", il claironne: "Moi je suis pas mal bon en calcul mental!"
Ce à quoi Fushia lui demande tout de suite : "7 x 7?"

Il répond comme on tuerait une mouche: "42!"
"Tu vois, je l'aurais pas su si vite, il faut que j'y pense un peu" a renchéri Fushia.
Ils ne m'ont pas vu rouler les yeux, parce que derrière moi, mais j'ai corrigé "49, bananes!"
Job est retourné, débandé, penaud, à son bureau. J'avais le goût d'éclater de rire.
Il a été changé de lieu de travail car il était trop disposé à écouter toutes les conversations, et il rapporte tout à tout le monde comme la pire des commères (je vous jure, il a des qualités), que trop souvent, il a rapporté des propos qui étaient largement mal compris. Ils l'ont donc placé près de moi, qui, au contraire, ai mes écouteurs sur les oreilles presque toute la journée. Mais pas beaucoup d'écouteurs dans les 3 dernières semaines, où je formais du monde. Et ces travers m'ont paru plus lourds.

Je reviens d'Urop. Hier. Je reviens au travail. Demain. Je retrouve Job à la job. Mon job job kinda job. Avec Job.
M'enfin, faudra pas que j'ai un homard à la place de mon téléphone.
