Connaissez-vous les bars loûgne ? Ce sont ces endroits très branchés, dont les propriétaires avouent tous une passion pour le bouddhisme tout en allumant des encens à tout bout de champ, des endroits où vous vous aloûngez sur des canapés violet dans une ambiance tamisée pour avoir une conversation des plus superficielles en sirotant un diabolo au parmesan. C’est dans ce genre d’endroits que passe de la musique.. lounge. De nombreuses compilations existent, le style “lounge” n’est pas très officiel puisqu’on peut retrouver Radiohead (le titre “Fake Plastic Trees” par exemple) ou Brian Eno (“Deep Blue Day”) sur ce genre de compilations. En gros la musique lounge, c’est la musique de fond branchée des bars branchés des capitales branchées, qui doit créer une ambiance agréable, plus ou moins jazzy… louunnnge, quoi.
A ce stade de la chronique, vous avez deviné (ou alors ‘faut vous réveiller) l’appréhension que j’ai eu en appuyant sur Play pour écouter Brazilian Girls. Mais si vous commencez à être des habitué(e)s de ce blogzine (oui, c’est le terme consacré maintenant !), vous avez deviné (ou alors, encore une fois, mettez vous le dernier Mars Volta dans les cages à miel) que ce groupe, dont aucun des membres n’est brésilien, m’a tapé dans l’oeil, et ce avec un pic à glace d’originalité. Ne me demandez pas que signifie cette métaphore, j’en ai strictement aucune idée. Pas beaucoup de girls non plus puisque seule la chanteuse possède un vagin.
La plupart des sons loûnge m’ennuie profondément, mais les Brazilian Girls sont différents. Ils sont même carrément uniques. Sabina Sciubba parle anglais, italien, français, allemand, espagnol, et mêlent ces langues dans des compositions électro-pop sensuelles, parfois mélancoliques, parfois drôles, parfois les deux à la fois, et ce avec une aisance déconcertante. Elle a aussi un physique de top-model, ce qui ne gâche rien. On peut parfois approcher l’overdose quand elle mêle 4 langues dans une seule chanson, mais c’est un peu comme se gaver de Mi-cho-ko, c’est trop bon et on en a jamais assez.
Talk to La Bomb
(Amazon)
New York City
(Amazon)
La plupart des titres sont très rythmées et leurs deux derniers albums, Talk to La Bomb (2006) et New York City (2008), qui suivent leur premier album éponyme (2005), tous signés par Verve Records (célèbre label de jazz, mais qui a aussi produit un certain Frank Zappa), sont tous extrêmement éclectiques, surprenant sur chaque titre, que ce soit par la richesse musicale jamais entendue, qui a même un peu tendance à s’éparpiller, c’est parfois cacophonique, ou par les paroles. J’ai un peu de mal avec l’italien et l’espagnol, mais de ce que j’ai compris, Sabina Sciubba a un talent, un humour et un accent français absolument délicieux. Talk to La Bomb et New York City sont deux friandises à sucer avec plaisir, et il faut que j’arrête de raconter des cochonneries.
Leur premier album, Brazilian Girls, est moins bon je trouve, plus loungy et “sexy” dans le mauvais sens du terme, il est assez chiant. Talk to La Bomb est en écoute libre sur Jiwa, le voici ci-dessous. Pour New York City, le dernier en date, il est en écoute libre sur le site officiel des Brazilian Girls, à cette adresse (il vous faut Quicktime 7). A côté du lecteur Jiwa, le clip de “Rules of the Games”.
Et vous pouvez également aller voir leur MySpace qui est très.. fourni.
Ils ont gagné pas mal d’argent en prêtant leurs son à des pubs aux Etats-Unis. Ils possèdent une gigantesque baraque depuis 2006. Une des chansons de Talk to La Bomb se nomme “Sexy Asshole” et a été utilisée dans une de ces publicités. A votre avis, les vertus de quel type de produit étaient vantées ?
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