« Guetter l’aurore » est l’une des dernières parutions du catalogue français « Les Escales ». Ce titre m’a immédiatement fait de l’œil et je remercie vivement les Escales de m’avoir permis de le découvrir.
J’au lu un certain nombre d’ouvrages sur la seconde guerre mondiale, ces derniers restant bien souvent fascinants tant ils s’inscrivent dans une période de l’Histoire, à la fois proche et lointaine, horrible dans tous les cas. Certains s’y sont transformés en héros, d’autres en impitoyables bourreaux. Il y a tant d’histoires à raconter et de témoignages à lire. « Guetter l’aurore » fait partie de ceux-là.
Le livre : « Guetter l’aurore » (ici)
Crédit photo : L&T
L’autrice : Julie Printzac est une romancière, éditrice et traductrice française. Elle est l’autrice de « La Solitude des femmes qui courent » ( 2017).
Le résumé : « Été 1941. Les Brodsky, une famille juive originaire de Russie, ont fui la zone occupée et la menace nazie pour se réfugier dans le sud de la France. Mais, brutalement rattrapés par les nouvelles lois de Vichy, ils se retrouvent en résidence forcée à Saint-Girons, au pied des Pyrénées, dans une grande demeure délabrée. Peu à peu, la vie s’organise. Esther, l’aînée des enfants de la famille, rencontre Clara. L’heure est à l’adolescence, aux premiers émois et aux grandes amitiés. C’est également le temps de l’engagement dans la Résistance, des luttes pour survivre, mais aussi des rafles… Dans la tourmente, Esther et Clara feront tout pour rester maîtresses de leur destin. Mais c’est sans compter sans la brutalité de l’Histoire. Des décennies plus tard, la petite-fille d’Esther, Deborah, surprend sa grand-mère qui, dans un moment d’égarement, crie un prénom : Clara. Mais lorsqu’elle la questionne, Esther se mure dans le silence. Troublée, Deborah va alors tenter par tous les moyens de reconstituer l’histoire de sa famille et de remonter le fil de ce passé si longtemps gardé secret ».
Mon avis : Ce titre propose un point de vue un peu différent de cette sombre période de l’histoire car il se déroule dans la France libre placée sous le régime de Vichy, dans le petit village de Giron au pied des Pyrénées et de la frontière Espagnole, symbole d’espoir et de résistance pour certains (malgré le régime franquiste en place).
La famille Brodsky y est venue s’y réfugier après plusieurs exils forcés et l’Etat français les a assignés à résidence dans une grade demeure abandonné et vétuste aux airs de manoir hanté. Les Brodsky y trouvent, toutefois, un semblant de paix qui, évidemment et malheureusement, ne durera pas vraiment.
Esther Brodsky, l’aînée des enfants de la famille, et ses jeunes frères, Daniel et Simon, poursuivent leur scolarité et leurs parents tentent de les épargner des horreurs de la guerre afin de préserver leur enfance. Ils sont cependant, eux aussi, rapidement confrontés à l’antisémitisme et à la violence des Hommes.
On suit ainsi Esther et sa famille au long de ces interminables années de conflits qui – même dans cette partie de la France que beaucoup pensaient sûre – s’intensifient au fur et à mesure que l’occupant sent la défaite approcher.
C’est à cette période qu’Esther rencontre Clara, une jeune fille de son âge. Contrairement à Esther, celle-ci a un tempérament de feu. Etonnement mature pour son âge, elle souhaite se confronter sans ambages à la dure réalité du monde et s’engager afin de jouer un rôle qu’elle se serait, elle-même, choisi afin de reprendre une forme de contrôle sur sa destinée de femme juive.
Il est poignant pour le lecteur d’être le témoin de la brusque sortie du monde de l’enfance de ces jeunes adolescents.
On est également éprouvés par la foi que de nombreux juifs français plaçaient encore en l’Etat durant la guerre. Loin de pouvoir s’imaginer le sort réservé aux juifs d’Europe raflés et déportés par les nazis et les collaborateurs. Le lecteur a, quant à lui, le recul de l’histoire qui lui permet de lire entre les lignes…
On s’attache au personnage d’Esther, jeune fille ordinaire qui souhaite simplement vivre comme tout le monde : danser, rêver devant les vedettes de cinéma, tomber amoureuse, sans avoir besoin de faire montre d’un courage héroïque.
Parallèlement, dans une autre temporalité, on retrouve Esther qui est devenue une vieille dame au seuil du dernier chapitre de sa vie. Atteinte d’Alzheimer, elle conserve toutefois certains souvenirs de sa jeunesse et le prénom de Clara continue de la mettre dans tous ses états, tel un fantôme qui ne voudrait pas lâcher prise. La petite fille d’Esther, Déborah, décide alors de mener sa propre enquête, sur les traces du passé de sa famille, afin de comprendre pourquoi et de lever le voile sur des secrets de famille jusqu’ici restés sous clé.
C’est probablement le travail qu’a fait Julie Printzac, l’autrice, en écrivant ce livre inspiré de nombreux témoignages recueillis auprès d’habitants de Saint Giron et de juifs qui s’y étaient réfugiés à cette époque.
J’ai apprécié cette lecture dans laquelle je n’ai pas eu de mal à me plonger, sans avoir eu un coup de cœur non plus. J’ai, tout au long de l’histoire, gardé une certaine distance sans pouvoir réellement expliqué pourquoi. Je trouve, toutefois, que « Guetter l’aurore » ferait un excellent scénario pour un film dont je me suis représentée distinctement certaines scènes lors de ma lecture.
En bref : Un ouvrage que j’ai donc trouvé intéressant et émouvant mais ce n’est pas nécessairement celui que je vous recommanderai en priorité si vous ne deviez en lire qu’un ou deux sur cette période de l’Histoire (je pense, personnellement, à « Le chant du rossignol » de Kristin Hannah (dont je vous parlais ici) ; « Le lilas ne refleurit qu’après un hiver rigoureux » de Martha Hall Kelly (dont je vous parlais ici) » ; « Sous le velours, l’épine » d’Alain Roquefort (dont je vous parlais ici) ; « Les déracinés – T1 » de Catherine Bardon (dont je vous parlais ici) ou encore « Seul dans Berlin » d’Hans Fallada (dont je vous parlais ici).
Quels sont vos romans préférés sur cette période ? J’espère vous avoir donné envie de découvrir « Guetter l’aurore ».