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Ii – spécial jean paul sartre : l’homme et son engagement

Par Abdesselam Bougedrawi @abdesselam
II – SPÉCIAL JEAN PAUL SARTRE : L’HOMME ET SON ENGAGEMENT

Bonjour je suis Abdesselam Bougedrawi, seconde partie de mes articles sur jean Paul Sartre. Vous trouverez mes publications sur le site Amazon en effectuant une recherche sur le mot Bougedrawi.

Un incroyable aveuglement

Avoir tort avec Sartre plutôt que d’avoir raison avec Raymond Aaron. Cette phrase éloquente est le symbole de ce que furent les intellectuels du XIXe siècle. Leurs exaltations, leurs idéologies les avaient conduites à un aveuglement tout aussi ahurissant que déconcertant. Il y avait chez Jean-Paul Sartre, et une multitude d’intellectuels une véritable frénésie autour de leurs propres idées qu’ils avaient érigées en des vérités absolues. Le monde se divisait entre ceux qui pensaient selon eux, puis les autres.

Ils étaient sous la proie d’une schizophrénie idéologique qui les a conduits à un comportement à l’opposé des idées qu’ils prétendaient défendre. Ils ont érigé en héros des dictateurs tels que Staline.

Aveugles, pendant des décennies, ils furent insensibles au désespoir de toutes les victimes de Staline, allant même jusqu’à les traiter de traîtres. Et lorsqu’ils ne pouvaient plus faire autrement, c’est-à-dire lorsque leurs soutiens aux dictateurs devenaient insupportables, du bout des lèvres ils prononcèrent cette phrase : nous nous sommes trompés.

Triste oraison funéraire pour tous ceux qui sont morts sous les coups des tyrans ou bien emprisonnés dans les geôles des dictatures.

Bien qu’il fût l’un des plus grands esprits de son siècle, Jean-Paul Sartre, malheureusement, eut des engagements choquants.

Une enfance où se construit l’essence Sartre

II – SPÉCIAL JEAN PAUL SARTRE : L’HOMME ET SON ENGAGEMENT

Il y a dans les années d’enfance de Sartre toutes les caractéristiques du futur philosophe. Narcissisme, intolérance aux idées des autres, désir insatiable de séduction. Il est né en 1905 dans une famille bourgeoise, dont une grande partie des membres étaient des personnes de grandes instructions. Son père décède brutalement alors qu’il n’avait que 15 mois. Il l’a effacé de sa mémoire. Sa mère vit alors avec ses parents, des Schweitzer d’Alsace. Son grand-père exerce une influence cruciale sur son goût pour la littérature.

 Jean-Paul Sartre enfant est le centre de tous les empressements de sa famille. Enfant unique, Poulou, comme l’appelle sa maman avec tendresse, est le pivot de son affection. Il est chéri, comblé, félicité tous les jours, ceci contribuera, certainement, à développer son futur égocentrisme.

Lorsque sa mère se remarie, tout son univers bascule. Il détestera son beau-père toute sa vie.

Dans une allocution en 1976, Sartre déclare que sa mère était pour lui une grande sœur vouée à sa cause. Cette déclaration est très parlante puisque l’on ne devrait pas considérer l’amour naturel d’une mère comme une cause. Cela revient à dire qu’il y a la cause Sartre et celle des autres. On remarque déjà là les prémices du futur Sartre qui pense que tout lui est dévolu.

Tôt, il perd l’usage d’un œil. Cet élément s’ajoutant à sa laideur le conduire à un comportement de charmeur à outrance. Probablement de compensation.

Lorsqu’il entre à l’École Normale Supérieure, il organise autour de lui une cour qu’il a acquise grâce à la force de sa séduction. Il rencontre celle qui sera sa compagne, Simone de Beauvoir.

À l’après-guerre il entame sa carrière d’homme intellectuel et politique.

II – SPÉCIAL JEAN PAUL SARTRE : L’HOMME ET SON ENGAGEMENT

Le parti communiste

Sartre sera un compagnon de route du parti communiste. Il s’adonnera corps et âmes à l’idéologie gauchiste de ce parti. C’était, du reste, le cas de la plupart des intellectuels. Certaines personnalités contemporaines lui reprochent cet engagement. Il faudrait replacer les faits dans leur contexte. Le parti communiste était considéré comme l’exemple du progrès, de la société de liberté, celui des martyrs et des fusillés de la Seconde Guerre mondiale. Toutefois, lorsqu’il traite de chiens ceux qui sont anticommunistes, comme Raymond Aron ; ou lorsque sa compagne Simone de Beauvoir affirme que – la vérité est une, seule l’erreur est multiple. Ce n’est pas un hasard si la droite professe le pluralisme – ils cessent d’être géré par la raison, mais par l’idéologie gauchistes sectaire.

Le stalinisme

Staline était perçu par une majeure partie de l’élite intellectuelle comme le sauveur de l’humanité. L’Union soviétique, elle-même, était considérée comme l’eldorado des droits humains. Sartre déclarera que sous Staline la liberté de la critique était totale.

Ce qui surprend le plus, ce n’est pas tant qu’il ait suivi un mouvement général, mais surtout son déni des crimes et des procès staliniens. Il eut même une attitude extrême puisqu’il traite les victimes de Joseph Staline de traîtres.

Sartre et les groupes révolutionnaires

Le 6 décembre 1974, Jean-Paul Sartre rend visite à Andreas Baader. Tous les intellectuels opposés à Sartre lui feront ce reproche en l’accusant de complaisance avec le terrorisme. Toutefois, il faut replacer cet événement dans son contexte. Les années 60 sont une période de frénésie, de grands bouleversements, mais essentiellement de grands conflits. La guerre du Vietnam, guerre en Palestine, guerre en Algérie…

Toute une idéologie d’opposition s’était bâtie dans l’esprit d’une grande partie de la jeunesse internationale. De ce fait, il y eut la création de plusieurs fractions révolutionnaires qui utilisèrent des méthodes plus ou moins violentes. En Allemagne, les événements les plus connus sont ceux conduits par la fraction armée rouge qui se définit comme un mouvement d’opposition à la politique parlementaire du pays.

Andreas Baader, il faut le rappeler, a reçu le soutien et l’aide de plusieurs intellectuels influents. Il est à préciser que ces personnes, non seulement sont encore présentes sur le plan médiatique, mais elles se sont parfaitement adaptées au système qu’elles dénigraient antérieurement. À l’inverse, on continue de jeter tous les opprobres possibles sur cette visite. Lors de cette rencontre, Jean-Paul Sartre n’a pas fait l’apologie des actions d’Andreas Baader, pas plus qu’il n’a mis en avant ses propres opinions politiques. Il sait tout simplement contenter de dénoncer les conditions de détention de cet homme.

Sartre et la guerre d’Algérie

Sartre était contre la guerre d’Algérie et contre les colonies françaises. Dans le contexte des années 50 et 60, la majorité des intellectuels, qu’ils fussent de droite ou de gauche, étaient également contre cette guerre. On lui a fait le reproche d’être pour le FLN, par conséquent contre la France. Certains n’ont pas manqué de faire l’analogie entre lui et Pierre Laval qui souhaitait que l’Allemagne gagne la guerre. C’est là une méthode extrême et retorse qui s’inscrivait dans la mentalité des excès de cette époque. De nos jours, de pareilles critiques démesurées ne sont plus acceptées. La haine entre les intellectuels persiste toujours dans sa véhémence, mais celle-ci est exprimée de façon sournoise.

II – SPÉCIAL JEAN PAUL SARTRE : L’HOMME ET SON ENGAGEMENT

Sartre et mai 68

Sartre apporte son soutien aux étudiants de mai 68 sans réserve. Son engagement était à l’opposé de celui de Raymond Aron qui s’était mis du côté des enseignants. C’était une époque durant laquelle on n’était convaincu que les professeurs et les universités formaient les futurs oppresseurs des peuples. Ce fut également l’époque de la remise en question de tous ce qui s’était faits auparavant : culture, philosophe, histoire, démocratie de la bourgeoisie décadente. En 1968, Sartre avait 63 ans, il possédait encore toute sa verve.

Zeus Dieu de l’Olympe, Sartre celui du Café de Flore

Saint-Germain-des-Prés a été l’endroit chic et snob des intellectuels. C’est dans ce lieu que l’on était adoubé par les seigneurs, Sartre, Beauvoir… Saint-Germain-des-Prés était l’équivalent du Bateau – lavoir de Montmartre du début du siècle. L’épicentre de ce quartier était le café de Flore. Sartre et sa campagne, Beauvoir, y venaient pour observer les Parisiens, particulièrement un certain garçon de café. Saint-Germain-des-Prés, et le café de Flore représentent un mythe qui persiste de nos jours, celui du jour J1 de l’existentialisme.

En conclusion,

Il n’est certainement pas possible d’évoquer toutes les actions de Jean-Paul Sartre. Il reste beaucoup de choses à dire de lui, en particulier ses rapports avec les femmes en tant que séducteur ; ses rapports avec Simone de Beauvoir en tant que couple moderne. Sartre était un contestataire qui a créé de grosses turbulences au sein d’une époque elle-même en pleine mouvance. Il était de tous les combats, n’hésitant pas à monter sur un tonneau pour haranguer les prolétaires.

Quel que soit le jugement que l’on pourrait porter sur lui, il est avant tout et surtout l’âme d’une époque définitivement révolue. Sartre n’exista que parce qu’il fut à cette époque.

Il y eut Saint-Germain-des-Prés, il y eut le café de Flore, il y eut Sartre et Beauvoir, puis naquit l’existentialisme.

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