Historien d’art spécialisé dans l’histoire de Paris, comédien et auteur, Pierre-André Hélène a de nombreux autres talents dont celui de raconter de belles histoires.
D’où vous vient cette fascination pour la Belle Époque[1] ?
Je suis tombé dedans lorsque je me suis marié. En effet, mon ex-épouse Véronique Fourcaud[2], petite-nièce du célèbre Henri de Toulouse-Lautrec, avait une grande tante. Cette dame, décédée il y a cinq ans, a connu ceux qui ont côtoyé le peintre. Grâce à elle, j’ai eu accès à la mémoire vivante de la famille de Toulouse-Lautrec. Elle aimait beaucoup raconter nombre d’anecdotes incroyables, et moi j’ai toujours été un « écouteur ».
En outre, en 2000 j’ai rencontré le couturier Pierre Cardin, véritable passionné d’art. Ce dernier m’a demandé de créer un musée Art Nouveau[3] à partir des quelques 900 meubles et objets exceptionnels qu’il avait rassemblés pendant plus de quarante ans. Toute cette collection dormait pêle-mêle dans un entrepôt. J’ai été le conservateur de ce lieu unique pendant quinze ans. Ce fut une très belle histoire.
Y a-t-il un personnage que vous appréciez particulièrement ?
Je dois dire que j’aime ce qu’on appelle les monstres sacrés, donc je dirais peut-être Sarah Bernhardt. Toutefois, il y a pléthore de célébrités plus flamboyantes et extraordinaires les unes que les autres. Entre 1880 – 1950, la culture française était la première au monde. Elle avait du panache, ce mélange d’excellence, de qualité, de travail et de théâtralité. Ces années ont vu une telle concentration de talents aux destins incroyables que les cinquante ans qui ont suivi font pâle figure à côté.
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En effet, j’ai une chaine “L’Histoire sans secret” pour laquelle j’ai conçu une série de courtes vidéos de 2 minutes 30. Mon désir est de faire découvrir au grand public une personnalité, un lieu, un fait, un événement en racontant des anecdotes du quotidien, certaines mal connues et d’autres oubliées.
Dans le film The Grand Budapest Hotel inspiré du livre de Stefan Zweig Le Monde d’hier, il y a cette phrase qui me correspond bien : « Il défendait un monde mort depuis longtemps, mais en maintenait l’illusion avec la plus grande élégance. » C’est exactement ce que je m’efforce de faire depuis toutes ces années !
Quels sont vos projets ?
Je suis en train d’écrire un livre sur Marcel Proust et l’hôtellerie. En effet, À la recherche du temps perdu est un extraordinaire manuel de savoir-vivre quand on l’étudie sous cet angle. C’est tellement détaillé qu’il m’a semblé qu’il y avait matière. D’ailleurs, ce sujet n’a jusqu’à lors jamais été abordé. De plus, certains des hôtels dans lequel il descendait correspondent à des périodes précises de sa vie, notamment sentimentale.
J’aimerais aussi interviewer en hologramme la belle Otero, reine des courtisanes, pour lui faire dire des choses qu’elle n’a jamais dites. J’ai tellement parlé d’elle au cours de toutes ces années que j’ai l’impression de l’avoir personnellement connue. Techniquement, c’est faisable car il existe beaucoup d’archives visuelles. Elle a vécu jusqu’à quatre-vingt-seize ans. Un film a été fait sur elle. C’était une joueuse compulsive. Au cours de sa carrière, elle a gagné 100 000 millions de francs (l’équivalent de 750 000 millions d’euros) qu’elle a dilapidé au Casino. Voilà l’une des dignes incarnations de cette si Belle Époque !
[1] Le terme de « Belle Époque » renvoie à la période de paix comprise entre la fin de la guerre franco-prussienne de 1870 et 1914, début de la Grande Guerre.
[2] Véronique Fourcaud est une chanteuse lyrique et une actrice de théâtre
[3] Le musée Art nouveau Maxim’s
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