Spécial civilisation arabo musulmane :

I – L’APPORT DU MONDE ARABE MUSULMAN À L’OCCIDENT EST-IL UNE RÉALITÉ ?

Bonjour je suis Abdesselam Bougedrawi. Vous trouverez mes publications sur le site Amazon en effectuant une recherche sur le mot Bougedrawi.

SPÉCIAL CIVILISATION ARABO MUSULMANE

I – L’APPORT DU MONDE ARABE MUSULMAN À L’OCCIDENT EST-IL UNE RÉALITÉ ?

Il y a une affirmation qui revenait constamment lors de mes discussions avec de jeunes arabes musulmans. Ces jeunes n’étaient pas exclusivement des Maghrébins, mais également des Syriens, des Saoudiens… Cette affirmation était la suivante :

Au moment où l’Occident vivait dans le Moyen Âge, les Arabes musulmans connaissaient le siècle d’or. Le corollaire est donc : grâce aux Arabes musulmans, le monde occidental a pu évoluer.

Cette assertion implique quelques observations et quelques constatations :

1 – Ces jeunes Arabes musulmans prennent l’Occident comme le modèle auquel on devrait toutes les justifications.

2 – Lorsqu’on demande à ces jeunes de prouver leur déclaration, ils en sont incapables. Les plus audacieux avancent que l’Occident a brûlé des bibliothèques qui contenaient toutes les sciences des musulmans.

Tout cela manque de sérieux puisque la réponse de l’Occident se fera selon deux orientations :

1– Si vous n’arrivez pas à prouver le bien-fondé de votre allégation, c’est qu’elle est fausse.

2 – Nous voulons bien jouer le jeu et considérer que vous dîtes vrai, dans ces conditions pourquoi le monde arabe musulman n’a pas évolué ?

Finalement, avec pareils propos que l’on ne sait corroborer, on arrive aux conséquences suivantes :

– Première conséquence, l’âge d’or des Arabes musulmans n’a jamais existé. Ce thème de l’inexistence d’une civilisation arabe musulmane est abondamment repris par quelques revues, par quelques intellectuels. Le plus curieux est que certaines élites, bien qu’elles soient, justement, d’origine arabe ou musulmane, reprennent a leur compte ce thème. Souvent avec hargne et véhémence.

– Seconde conséquence, à chaque fois qu’une personne tente de parler de l’âge d’or des Arabes musulmans aux occidentaux, toutes les portes se ferment devant lui. Ce sujet devient, en fait, une perte de temps pour les européens.

Enfin de compte, avec des affirmations que l’on est incapable de prouver, on arrive au résultat opposé.

Cette conséquence s’inscrit si bien dans la réalité, que beaucoup d’intellectuels finissent par y adhérer. Elle devient une vérité qui s’impose à tous. À la limite, pour certains arabes musulmans, elle devient un sujet de honte : nous, Arabes musulmans, non seulement nous n’avons jamais eu de civilisation, mais de plus, nous n’avons pas évolué.

Qu’en est-il réellement de l’apport de la civilisation musulmane au mode occidental ?

La réponse, et je suis catégorique, est que le monde arabe musulman a tout apporté au monde occidental.

J’ai fait plusieurs vidéos, et j’ai écrit un grand nombre d’articles sur les sociétés du moyen âge jusqu’au XIXe siècle : humanisme, réformes théologiques, église anglicane, etc. Ce qui m’a demandé un travail de documentation sur une partie de l’histoire de l’Europe.

On peut dire qu’il y a deux grandes étapes dans la pensée occidentale :

La première étape, essentiellement au Moyen Âge jusqu’au XIVe siècle. La méthode utilisée est la scolastique. On essaye de concilier entre foi et raison. L’auteur qui sert de référence est Aristote. Le théologien modèle est Thomas d’Aquin.

Ensuite, on passe à une seconde période où on découvre Platon. La pensée dominante est celle du théologien Guillaume D’Occam. On revient aux auteurs de l’Antiquité en utilisant la philologie et heuristique. Mais également une morale basée sur la casuistique.

Or, nous le savons très bien, ce sont les Arabes qui ont introduit Aristote dès le douzième siècle grâce, entre autres, à Averroès.

La scolastique a été développée par les Arabes, en particulier Ibn Baja, ou Avempace. Toute la thématique de la conciliation entre la raison et la foi a été développée de façon parfaite par le plus grand penseur de tous les temps, Ibn Toufeil.

La philologie et l’heuristique ont été développées par les Arabes. En effet, les musulmans ont été confrontés au recueil des textes sacrés non coraniques. Pour cela, il fallut un travail rigoureux de collecte de textes :

– Leur comparaison pour séparer ce qui est vrai de ce qui n’est pas. Y apporter le travail de correction.

– Retracer leur généalogie : remonter le temps pour débusquer leurs éventuels changements ; trouver la version d’origine.

– Les classer en diverses catégories : textes fiables ; moyennement fiables ; crédibilité faible

Ce travail minutieux et de patience porte un nom : philologie, heuristique.

C’est cette méthode même qui sera reprise par la suite par les grands humanistes du XVI siècle.

La casuistique, quant à elle, a été développée par les théologiens juifs et musulmans. La raison en est simple, la loi du talion. Il fallait rendre cette loi adaptable à la condition de l’humain.

Ainsi, concernant la loi qui consiste en couper la main du voleur, les premiers théologiens musulmans commencèrent par définir le sens précis des mots. Ils ont éliminé les significations du mot vol qui ne conviennent pas, tel que voler un regard.

Ensuite, ils ont considéré plusieurs situations. Ainsi, pour des théologiens, voler un bien commun n’est pas considéré comme du vol, puisqu’on ne saurait se voler soi-même. La loi ne s’applique donc pas à ce cas. Il s’agit, en fait, d’un vaste sujet de réflexion pour les législateurs juifs et musulmans.

Par conséquent, on ne peut établir des lois ; on ne peut interpréter un texte, si on ne connaît pas le vrai sens des mots. Ceci démontre de façons magistrales l’introduction par les musulmans du nominalisme et du conceptualisme.

Je continue mes propos avec ma réponse à la question : pourquoi les musulmans n’ont pas évolué ?

Ensuite, dans un article et une vidéo, je vous livre la pensée extraordinaire de Ibn Tofeil qui avec un conte philosophique simple, Hay Ibn Yakdane, invente la pensée moderne.

Ce penseur a été, non seulement copié, mais, mais également, honteusement pillé.

Je pense que dans les semaines prochaines, je vous proposerai une monographie sur cet auteur. Elle comportera une version simplifiée de ce conte.

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