Ce petit livre, qualifié de « fantaisie » en quatrième de couverture a plusieurs lectures possibles.
Son coeur bat de rêves saisis dans des livres de poètes, dont Pascal Quignard qu’intéresse beaucoup « la limite du rêve », comme on l’atteint et comme on la franchit.
Les rêves de Julien, qui ne sait que rêver, sont une forme de résistance à la société qui exige l’adaptabilité, comme si traverser la route pouvait suffire pour trouver… quoi ? Le bonheur ? Mais ils sont aussi un danger et peuvent se perdre.
Les rêves de Julien ont besoin de la parole et, surtout, de l’écriture. Écrire est au fond le moteur qui fait vivre ce texte.
Ce qui lie le tout, est-ce le récit, même creusé en son milieu, ou bien la poésie ? L’autrice, nous la connaissons poète et la poésie a toujours fort à faire avec la narration.
Je me souviens de Mathieu Bénézet qualifiant un de ses livres (Pantin canal de l’Ourcq) de roman, et disant y chercher comment naît le récit. Christiane Veschambre répète, dans ce livre, qu’elle ne veut pas raconter d’histoire. Et certes, elle ne le fait pas. Mais elle y ancre son texte. Ce n’est pourtant pas un roman. Ni cette poésie narrative qu’entretiennent, souvent, les réseaux dits sociaux.
Il y a des personnages, il y a des rêves offerts, comme le font des écrivains publics, et ces rêves faits pour le compte d’autrui dépassent le rêveur, comme la parole poétique dépasse les poètes. Mais qui rêve dans ce livre ? Julien ? sa voisine, celle qui écrit ? l’autrice ? les nouveaux rêveurs qui se l’autorisent ? ou le lecteur, la lectrice ? les poètes qu’on y côtoie et d’autres qui me reviennent en mémoire ?
Même si nos rêves ne sont pas semblables, il se peut, c’est certain, que nous nous y rencontrions.