Je n’avais de la Crète (où je ne suis jamais allé) qu’une idée assez vague, liée sans doute à la mythologie et à quelques éléments historiques très anciens (l’éruption du volcan à Santorin). C’est quand elle présentait la publication consacrée à Artémis dans la collection de la Mythologie en 100 épisodes, que j’ai entendu Murielle Szac dire son amour inconditionnel pour la Crète. Et, quand j’ai vu ce livre annoncé, je savais que j’allais le lire sans savoir ce que j’allais y trouver.
Certes, Murielle Szac sait raconter des histoires. Elle y a consacré son écriture non seulement pour la mythologie mais aussi pour dire la capacité de certaines femmes, certains hommes à dire NON.
Pour nous faire comprendre ce qui s’est passé sur cette île entre octobre 1940 et octobre 1944, elle tresse les récits des vies qui s’y sont croisées, ont aimé, ont souffert, ont fui, ont résisté, sont morts, ont survécu à cette guerre, la guerre qui arrive toujours brutalement, qui se permet toujours les pires exactions au nom de vengeances, de représailles… Toutes les guerres, toujours, toutes. Par son écriture, par la construction de son roman (chapitres chronologiques, sous-chapitres villes par villes ou villages par villages), elle nous fait découvrir cette île, où l’on voit des traces des passages des peuples, grecs, ottomans, égyptiens, vénitiens, juifs, peuples de marins, de bergers, tous crétois.
Murielle introduit chaque grande partie d’une citation de la Bible. C’est qu’elle doit témoigner du sort qu’a subi la communauté juive de Crète pendant l’occupation nazie. Pour que nous sachions, pour que nul n’ignore non plus le sort des populations crétoises sous la violence de cette guerre que rien, rien ne justifiait. Et pourtant, il fallait choisir. Dans les ténèbres chacun.e espère la lumière, dont le nom est ici liberté, Eleftheria !
à paraître en août 2022
Jeu de briques
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