La post-photographie est un terme apparu en 1988. Joan Fontcuberta analyse les évènements qui se sont produits à cette époque : une conférence de Francis Fukuyama sur « la fin de l’histoire et le dernier homme », la chute du mur de Berlin, la création d’un logiciel pour traiter et retoucher les images numériques qui devient « Photoshop » en 1990… Puis, l’arrivée des téléphones portables équipés d’un appareil-photo (J. Fontcuberta écrit que c’est plutôt, maintenant, un appareil-photo équipé d’un téléphone, on peut même ajouter bien plus d’autres fonctions à cet appareil qui tient dans une poche). Ces évolutions techniques font circuler désormais plus d’images que quiconque ne peut en voir. Cela se compte par millions d’images équivalant à plusieurs années à raison d’une seconde par image. L’auteur évoque la lecture de ces images par des robots et donc l’éviction de leur interprétation humaine. L’utilisation de ces images en abondance, parfois prises par des caméras de surveillance et autres appareils automatiques, devient plus importante que leur création. Prendre une photo d’un coucher de soleil, par exemple, est devenu un acte banal, mais c’est dans son utilisation que la photo peut prendre sens. « J’insiste, écrit encore Joan Fontcuberta, sur ma définition de la création post-photographique en tant qu’acte soit d’assignation de sens lorsque les images sont créées, soit de déplacement du sens lorsqu’on donne à ces images une nouvelle vie ». Il conclut sur la nécessité de réfléchir à cet excès d’images et à leur utilisation, donc de reformuler des lois. À cet effet, il conclut en proposant de parler non d’appropriation (qui ne serait que « captation privée ») mais d’adoption (qui est « déclaration d’avoir choisi »), si nous voulons une société fondée non sur la possession mais sur le partage.