Dans le dernier numéro (99, paru en juillet 2022) de la revue poétique Traction-Brabant, animée par Patrice Maltaverne, figuraient, entre autres, deux de mes poèmes récents.
Les voici :
A nos handicaps
De méprise en méprise on croit se corriger
Mais les diffractions nous atteignent au cœur
Et les échecs se font écho – pauvres caboches !
De ma cacophonie émane quelque ivresse.
Les sourds ont une voix que les aveugles voient
Tissée en noir et blanc et opaque au-dedans
Ce à quoi je suis sourde il me faut le crier
Prendrez-vous la tangente à tous mes angles morts ?
Oui je suis impuissante à sortir du sillon
Comme un vieil oisillon dans son nid de broussailles
Resté abandonné face au ciel éblouissant
Et qui se désennuie en dénombrant ses plumes.
Ça m’est égal de ne pas savoir m’envoler
Je serai l’oiseau gris qui creuse des terriers
Un être original, aux ailes virginales
Dont les sages riront – que les fous comprendront.
(4 avril 2022)
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Et ci-gît l’effigie
Je me comprends mais il n’y a rien à faire
Ce n’est pas amusant de compter sur soi même
Pour les subtilités et les malentendus
Quand on ne pense à rien on se comprend aussi
Je me trouve des excuses et je ne ris même pas
Devant ma mauvaise foi j’ai la langue qui fourche
Aux carrefours du silence je dédouble mes doutes
Et au fond des miroirs je creuse des galeries
Mais je ne croise personne et ça résonne à plat
Les miroirs c’est étroit et en trois dimensions
Vous tomberez dans le panneau vous aussi, vous verrez
Les glaces ça mesure à peu près comme la tombe
C’est froid, c’est un traquenard, il n’y a personne dedans
Les glaces c’est là où je me comprends le mieux
Personne n’a jamais pris mon miroir à revers
Personne n’a jamais vu l’envers de mes oublis
Je les cherche là-haut dans l’éclat de tes yeux.
Marie-Anne BRUCH