Parce qu’il n’y a pas que la rentrée littéraire, j’ai ouvert ce livre dernièrement… J’avais lu d’Irène Frain, avant celui-ci, Beauvoir in love (coup de coeur) et Un crime sans importance. Toujours étonnante, l’autrice nous emmène ici encore ailleurs. Elle s’est inspirée d’un fait divers et nous raconte la capture d’une « Femme solitaire » à la fin du XIXème siècle en Californie. Ayant été livrée à elle-même sur une île sauvage pendant des années, cette femme est mystérieusement enchantée d’avoir été « sauvée ». Le Dr Shaw, ainsi que la population locale, est fasciné par ce personnage énigmatique, habillé de vêtements de plumes, parlant une langue inconnue et incompréhensible, et hanté apparemment par le souvenir d’un enfant. Tout le monde s’interroge sur son histoire, les légendes vont bon train, et malgré ses efforts, le Dr Shaw a bien du mal à démêler le vrai du faux, à mettre à jour les secrets et les connivences, à comprendre les émotions contradictoires qui le taraudent. Il passe du temps auprès d’elle et tarde à rentrer chez lui… Et je me suis laissée emportée par cette histoire, complètement dépaysante. Mais, il ne faut pas s’y tromper, ce roman nous parle aussi d’un temps où ce genre de personne était considérée comme une attraction et une marchandise. La présence de la « robinsonne » exacerbe les émotions de tous ceux qui la côtoient, intéresse les médias et les « investisseurs ». Elle est heureusement tombée au sein d’une famille qui la protège, mais jusqu’à quand ? Irène Frain laisse le lecteur sur l’image d’une femme des îles tressant des paniers, partageant sa joie d’exister, mais aussi sur le souvenir d’une chanson, lointain écho de tous ces peuples massacrés et oubliés.
Editions Seuil – 22 mai 2022
J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…