Magazine Culture

Bob Dylan : porte-parole de sixties malgré lui ?

Publié le 12 août 2008 par Josephanganda

Bob Dylan : porte-parole de sixties malgré lui ?Rocker par vocation, mais protest singer par l’idéalisation, il a une trajectoire empreinte d’opportunisme, de paradoxe et de symbolisme.

Lorsque le jeune Robert Zimmerman devient Bob Dylan par référence à Dylan Thomas, son poète préféré, et quitte le cocon familial pour une vie de chanteur itinérant, on le croit porteur d’un idéal révolutionnaire. N’est-il pas un ressortissant de Greenwich Village, ce carrefour d’artistes, d’étudiants et d’activistes de la nouvelle gauche américaine?

Pas de doute à ce sujet. Il est présent à toutes les manifestations pour le changement, la liberté, l’égalité, l’amour et la paix. Par exemple : Le 28 août 1963, il est aux côtés de Mahalia Jackson et de Joan Baez, chanteuses engagées, et parmi les 300.000 pacifistes, noirs et blancs en Marche vers Whashington où Pasteur Martin Luther King jr prononcera son discours prophétique : « I Have A Dream ». Il laisse à Mary et Peter de chanter « Blowin’ in the wind ». Pour la circonstance, il interprète « Only A Pawn In Their Game », chanson qui évoque le meurtre de Medgar Evers, leader de NAACP assassiné par le KKK en 1963, pour avoir soutenu l’étudiant noir James Meredith à qui l’on avait refusé une inscription à l’Université d’Oxford Town, dans le Mississippi.

De 1961 à 1964, Bob Dylan connaît ainsi le triomphe avec le protest song traditionnel sur fond de lutte pour les droits civiques aux Etats-Unis. Il a deux albums à son actif révolutionnaire : « The Freewheelin » et « The Times They Are A-Changin’ » qui s’inscrivent parfaitement dans la tradition de topical folk et de protest song de Seeger, Joe Hill et de Woody Gutrie, les pères de contestation, le dernier étant la figure tutélaire et son idole à qui il dédia des chansons d’hommage.

Le folk song lui confère une identité, un contenu et une mission : celle de chanteur protestataire politique, social, universel et, par son charisme, il l’élève au rang de porte-drapeau de sa génération, de chef de file du mouvement de protestation. « Je suis sérieux dans tout ce que j’écris. Par exemple, je suis dingue quand je vois mes amis en prison du Sud qui se font taper la gueule. Ce qui ressort de ma musique, c’est un appel à l’action. »

Mais, Bob Dylan a l’ambition de devenir une star de rock. C’est sa vocation première, et il ne se trompe pas d’adresse. Il va jouer dans les scènes ouvertes, lieux pour les débutants qui cherchent un public et qui veulent se faire un nom. « Je serai une star aussi grande qu’Elvis Presley (…) Je jouerai dans les grandes salles, même plus grandes, je le sais », confie-t-il à Ronald Radosh qui l’interroge sur son avenir.

En été 1964, Bob Dylan vire radicalement vers le Rock avec son album « Another Side Of Bob Dylan ». Et pour justifier ce changement, il dira : « Je ne me suis jamais considéré comme un chanteur folk (…) Ils m’ont appelé comme ça parce qu’ils le voulaient, ça m’était égal. Je l’ai compris quand je suis arrivé à New-York parce que j’ai vu qu’il y avait un public pour cela, mais je savais que ce n’était pas mon truc. Woody Gutrie faisait ce genre de truc et il était célèbre, et je m’en suis servi »

Cette déclaration traduit l’opportunisme de Bob Dylan qui s’est servi de folk song que comme un tremplin. Il est aussi paradoxal puisqu’il adopta le folk tout en conservant, au fond de lui-même, un rock’n’roll attitude.

Enfin, il demeure ce jour le porte-parole de sa génération dans l’imaginaire du public par symbolisme, enfin par l’idéalisation que le public fait de lui.

 Bob Dylan est un personnage, il se dit tel dans d’autres déclarations.

 Joseph Anganda

Animateur radio


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Josephanganda 7 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines