Kasabian - The Alchemist's Euphoria
L'année 2020 a été une année bien horrible. Entre deux confinements, l'un de nos crève-coeurs de cette année de malheur a été le départ de Tom Meighan des Kasabian - le saligaud ayant pété un câble sur sa désormais-femme. Comment Kasabian allait pouvoir se relever de ce départ ? Certes, Sergio Pizzorno a toujours été aux manettes du groupe, imaginant et délivrant des chansons souvent bonnes et chargées de refrains puissants mais là, il devait aussi assurer l'intégralité du chant. Là encore, il avait déjà fait un album solo, sous le pseudonyme de The S.L.P. dont on a parlé ici et c'était plutôt pas mal. Mais ce n'était pas Kasabian. Bref, après une telle introduction, il est temps d'entrer dans la vif du sujet, n'est-il pas ? Que vaut The Alhemist's Euphoria ?
Ground control to Kasabian
Club Foot, LSF, Empire, Fire, Days are forgotten... On pourrait citer encore plus de ces titres percutants et galvanisant les foules en concert. Dans The Alchemist's Euphoria, certes, il y a bien des tentatives de s'approcher de ces boulets de canon musicaux mais ce n'est pas là que réside la force de ce dernier opus. Bien au contraire. On est plutôt transporté dans une espèce de navette spatiale planant au-dessus de la planète, et ce dans plusieurs titres, à commencer par Alchemist qui est de toute beauté, T.U.E. (The Ultraview Effect) avec son petit côté pink floydien sur la fin, ou encore Stargazr (en même temps, c'est dans le titre), trippante à souhait. Ça plane, c'est beau et c'est aussi et surtout très synthétique. Le rock est largement mis de côté dans cet album. Pour Kasabian, ce n'est pas nouveau mais là le groupe pousse le curseur un peu plus dans le psychédélique électronisant. Cette ambiance n'est pas pour nous déplaire mais on attend quelque chose pendant toute la durée de l'album (assez court, il faut bien le dire d'ailleurs). On veut que ça décolle vraiment, que ça nous emporte réellement dans l'hyper espace. Et puis c'est fini sans que ce décollage n'ait réellement eu lieu.
Départ à zéro
Avec Kasabian, ce qu'on aime c'est qu'à chaque album ou presque, le groupe a toujours su se renouveler. Avec le départ de Meighan, ce renouvellement était d'autant plus nécessaire et Pizzorno réussit à opérer ce virage. Mais ce qui nous manque cruellement dans The Alchemist's Euophoria, c'est cette voix, celle de Meighan. On a l'impression d'avoir affaire à un nouveau side project de Pizzorno plutôt qu'un album de Kasabian. Il n'a de Kasabian que le nom et c'est sans doute ce qui nous gêne. Pourtant ce disque ne manque pas de moments de grâce comme Alchemist dont on a déjà parlé, la simplicité appréciable de Letting go qui vient clore le voyage et puis il y a la force du single Chemicals qui va rapidement se hisser dans nos préférées avec le temps. Mais il y a aussi ces ratés comme Rocket fuel - même si on comprend son intérêt live. En fait, on aurait pu mettre la phrase précédente au singulier parce que c'est la seule qu'on n'a pas aimé.
En bref
Tu l'as compris avec cette critique, on est bien perdu avec cet album. Si on prend l'objet comme tel en enlevant tout l'amour qu'on porte aux Kasabian (formation initiale), c'est un album intéressant avec des couches qu'on n'a pas encore fini d'explorer. Il est même souvent efficace. La preuve, on a envie de le réécouter à peine est-il terminé. Il va sans doute tourner un paquet de fois à la maison donc. Mais si on reprend le contexte, il nous manque ce petit truc, celui qui a fait qu'on a parcouru des kilomètres, dépassé des frontières, pris des avions et dormi dans la rue pour voir les Kasabian en concert. Bon s'ils repassent réellement en France (et pas qu'à Paris), on ira sans doute mais on ne craquera plus notre PEL pour eux. On va quand même acheter l'album parce qu'il doit figurer dans notre discographie personnelle. Et toi ?