
Camus-Casarès, une géographie amoureuse s'est déplacé de quelques mètres pour s'installer, à 17 heures dans le Jardin de Fogasses, 37 rue des Fourbisseurs (p. 441 du programme, rubrique autre lieux») dans la mise en scène de Elisabeth Chailloux.
Pour un peu on se croirait dans un des jardins accueillant le Festival d'Avignon IF (dont je vous parlerai le 13 juillet). Le plaisir d’être en plein air et quasi à l’ombre aurait été total si le mistral n’avait pas tant soufflé, jusqu’à faire tomber des branchettes sur ma tête.
Je rends hommage aux comédiens d’avoir joué comme si de rien n’était, et sans micro. Jean-Marie Galey restitue le côté dépressif de Camus que rien n’apaise, même pas la remise du Prix Nobel. Teresa Ovidio incarne cette amoureuse éternelle et passionnée que fut Maria Casarès, acceptant le rôle d'amante qui ne sera jamais l'épouse.

Les deux comédiens ont retenu presque 200 missives. Ils ont ajouté des passages des Carnets de Camus. Le résultat est un spectacle qui n'a rien d'une "lecture", et dont Elisabeth Chailloux a remis la mise en scène pour la rendre cohérente avec le nouveau cadre, ce qui est formidablement réussi.
Le décor naturel est exactement ce qui convient. Avec un escalier métaphorique idéale des aller-retour de l'un comme de l'autre. Quelques objets symboliques de la période 44-60 rappellent que nous effectuons un voyage dans un passé encore marqué par la Seconde Guerre mondiale où la TSF annonçaient bonnes et mauvaise nouvelles, souvent en langage codé. Quel contraste au demeurant avec le conflit russo-ukrainien que nous vivons en ce moment !

Jolie et douce idée que de terminer avec la chanson de Fabienne Thibault rappelant la mémoire de Gérard Philipe, le prince avignonnais. Ne manquez surtout pas ensuite l’exposition consacrée à ces deux mythes Philipe-Casarès à la Maison Jean Vilar.
Camus Casarès, une géographie amoureuseD’après la correspondance d’Albert Camus et Maria Casarès 1944-1959Adaptation et interprétation – Jean-Marie Galey et Teresa OvidioMise en scène d’Élisabeth ChaillouxLumières de Franck ThévenonSon de Thomas Gauder
