Quatrième de couverture :
Jours de juin est construit sous la forme d’un triptyque où se succèdent trois étés dans la vie des McLeod. A la mort de sa femme, Paul entreprend un voyage en Grèce. Là-bas, il s’éprend d’une jeune artiste peintre. Son fils aîné, Fenno, a fui l’Ecosse pour New York où il tient une librairie. Fenno noue une amitié particulière avec son voisin, Mal, critique musical, flamboyant gay atteint du sida. La perte douloureuse qui s’ensuivra transformera sa vie. Jours de juin tisse sa trame entre le passé et le présent, soulignant la fragilité des personnages, leurs moments de grâce et leur quête d’un pays où ils espèrent échapper aux pièges de l’existence et à la solitude.
Il y a longtemps que ce livre est dans ma PAL, sans doute ai-je découvert l’autrice Julia Glass grâce aux blogs (ça fait déjà douze ans !) et ce premier roman était parfait pour le Pavé de l’été (et ausi pour le challenge Gallmeister).
Oui, c’est un premier roman, ce pavé de 655 pages divisé en trois parties dont la première, Collies, a d’abord été publiée comme une nouvelle. Trois parties, trois points de vue qui tournent autour de la famille McLeod et qui ne cessent de faire des aller et retours entre passé et présent.
La première partie plante le décor de cette famille, quelques mois après le décès de la mère, Maureen. Paul, le père, a décidé de partir en Grèce en voyage organisé ; au terme du voyage, on comprend qu’il rêve de s’établir dans une île grecque, laissant ainsi en Ecosse le journal qu’il dirigeait et surtout la maison de famille où il a vécu avec Maureen, une femme originale qui a fait de l’élevage de chiens collies son métier et avec leurs trois fils, l’aîné Fenno et les jumeaux David et Dennis. Une famille où l’on s’aimait sans bien savoir l’exprimer ni se comprendre vraiment.
La deuxième partie, Droit, la plus longue, est racontée du point de vue de Fenno, le fils aîné, homosexuel établi à New York et devenu libraire. Il revient en Ecosse pour les funérailles de son père mais revient aussi dans le passé, dans les années 80 où la communauté homosexuelle était décimée par le sida. Fenno se souvient de son ami Mal, le critique musical à la plume acérée, touché par la maladie, il évoque d’autres amis gays, sa vie à New York, sa librairie… Tout cela se mêle à ses retrouvailles avec ses frères David et Dennis et leurs épouses, marquées par le deuil, les souvenirs de famille, la tendresse envers ses nièces et une étrange demande.
La fin du roman, Les garçons, se passe un peu plus tard, dans une maison au bord de l’océan. Une bande de copains s’y retrouve, dont Fenno et Dennis, Tony et Fern, une jeune femme enceinte déjà croisée dans la première partie, dont nous découvrons l’histoire.
Dans ce roman, les personnages se croisent, se cherchent, s’aiment sans nécessairement se comprendre (et pas seulement dans la famille McLeod). ils cherchent le bonheur et se heurtent aux épreuves de la vie, à ma mort. Ils cherchent et apprennent à trouver leur place dans la vie. Une mention particulière à Fenno et à Mal dont Julia Glass dresse un portrait tout en contradictions et en finesse. Pour un premier roman, c’est époustouflant. Il y règne une mélancolie douce-amère, une certaine folie, un humour un peu noir qui cache les sentiments.
J’ai vraiment beaucoup beaucoup aimé ce roman (sans doute aussi grâce à la qualité de la traduction) et je relirai Julia Glass avec plaisir !
« Le temps joue comme un accordéon, il se resserre et se déploie de mille manières mélodieuses. Les mois passent comme l’éclair, dans une suite accélérée d’accords, ouverts-fermés, unis-séparés ; puis vient une seule semaine mélancolique, qui est peut-être le pivot de l’année, une longue note soutenue. Le jour de mon retour est resté gravé dans ma mémoire comme une fugue, avec un ton parfaitement clair, mais des mois qui suivirent, l’automne et l’hiver qui précédèrent la mort de ma mère, ne me restent que quelques bribes d’une musique légère. »
« Avaient-ils un rapport avec ma solitude innée, mon étrange satisfaction de me croire incompris, mon hésitation à reconnaître l’amour là où il s’offrait à moi ? »
« Je me prépare, gaiement cette fois, à évoquer d’autres souvenirs, à boire encore du vin – trop, beaucoup trop – et à penser au moment où j’ouvrirai la porte de l’endroit où je vis vraiment, de l’endroit que j’ai choisi, où j’entrerai dans cette ridicule pièce outrageusement rouge, déposerai mes bagages, retrouverai mon oiseau et mon chien, et débrancherai mon téléphone. Non par refus d’entendre la voix de mes amis, mais parce que j’aurai besoin de dormir des heures et des heures avant de m’éveiller pour regarder la vie qui m’attend, pour apprendre à vivre tout simplement. »
Julia GLASS, Jours de juin, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Anne Damour, éditions des Deux Terres, 2006
655 pages dans cette édition pour participer au Pavé de l’été chez Brize
Ce livre a été réédité par Gallmeister et ce sera ma lecture du mois d’août pour Un an avec Gallmeister – thème d’août : Hors USA. Certes une partie du roman se passe à New York mais il y a en aussi grande partie la Grèce et l’Ecosse.