je dis courlis pour rester en vie
Un monde finit. Les mots sont comme semés sur les pages. Blanches. Des mots qu’on ne reconnaît pas au premier coup d’oeil, car ils demandent un peu plus d’attention, d’égards. Parfois coupés en bout de ligne, même courte, parfois creusés en leur centre, parfois entre parenthèses. Mots insectes, oiseaux. Mot chevreuil.
(…) un chevreuil me
surprit comme une
pensée soudaine
C’est un autre monde qui apparaît, arbres, petites bêtes, chants dans les feuilles.
Welwitchias, séquoias,
Ginkgo biloba,
Limules, Libellules
Requins lutin,
Chimère, Sphérodon,
Nautiles, Crinoïdes,
Amblypyge, Coelacanthe,
Priez pour nous !
Chaque lettre compte, ou plutôt conte. C’est comme si Fabienne Raphoz veillait sur le silence pour y entendre le presque tû, l’à peine sifflé, le poème « sur le terrain ». Les nymphes des bois et le chant de la fauvette.
(écrire, toute une vie
sans autre connaissance
que — la perte —
des chants et des fleurs)