Anne-Marie Gourier a écrit vingt-six courtes nouvelles, mettant en scène à chaque fois un personnage différent, de la cruciverbiste Alma jusqu’à Zoé dont se languit Constantin. Et, comme ces vingt-six personnages ont des ami.e.s, font des rencontres, ça fait beaucoup beaucoup de monde dans ce petit livre carré. Les textes sont imprimés sur la page de droite (celle qu’on voit quand on ouvre) et chaque texte est fait de trente-neuf lignes (ce sont les marches), chacune comptant à très peu près trente-neuf caractères (espaces compris). Les histoires arrivent dans l’ordre de l’alphabet. Dans le premier texte, la lettre A forme, de ligne en ligne, une colonne au centre du texte, soit à la dix-neuvième place horizontale. Ce sera la même règle pour les autres voyelles : E I O U Y. Pour les consonnes, elles se distribueront en diagonale depuis le haut à droite jusqu’au bas à gauche, mais vous pouvez aussi les voir monter de bas en haut, de gauche à droite ; Les deux mouvements se croisent, d’ailleurs, à la lettre B.
Il est étonnant, lisant les textes de haut en bas comme c’est l’usage dans la langue française, d’avoir visuellement cette impression que les textes liés aux consonnes montent, tandis que ceux qui sont liés aux voyelles semblent statiques, sans doute parce que les colonnes sont verticales.
Pourquoi trente-neuf marches ? Je penche pour une explication approximative : je compte soit 18 soit 20 caractères (espaces compris) pour écrire le nom de l'autrice ; or, 39 est égal à (2x19)+1. Si je compte pour 1 la colonne centrale des voyelles, je répartis de part et d'autre deux fois le même nombre (à un caractère près) que celui que contiennent le prénom et le nom de l'autrice. Mais peut-être n'est-ce qu'un hommage au film d'Alfred Hitchcock...