Sous l’effet d’un véritable achat d’impulsion, ce livre de rentrée littéraire est arrivé chez moi après une journée sympathique passée sur Nantes. Il faut dire que je garde un très bon souvenir de ma lecture du tome 1 de Vernon Subutex en 2017. Je n’avais pourtant pas continué la série à l’époque, ce qui reste d’ailleurs un mystère. Mais l’autrice m’avait déjà beaucoup plu dans King Kong théorie et j’ai aimé à chaque fois lire ses interviews… Alors ? A la lecture, Cher connard s’est avéré beaucoup moins virulent que le titre ne le laissait à penser, première constatation. En réalité, pour ceux qui l’ont lu, ce roman est un peu une version trash de Quand souffle le vent du Nord de Daniel Glattaeur, un roman épistolaire, mais par mails, entre deux personnes qui n’auraient jamais du s’écrire. Rebecca est actrice, cinquantenaire, assez égoïste et accroc aux drogues. Oscar est un peu plus jeune, écrivain, souvent sous l’emprise de l’alcool, et il est depuis quelques jours sur les réseaux la cible d’une jeune femme, Zoé, qui l’accuse publiquement de harcèlement. Le scandale est énorme, et Oscar a eu l’idée de contacter, dans ce contexte, l’ancienne meilleure amie de sa soeur qu’est Rebecca. S’ensuit un dialogue inattendu entre ces êtres que tout oppose, sur le papier. Et le lecteur est entraîné dans un discours où il apparaît très vite que rien n’est simple, ni si manichéen que l’on voudrait bien le croire. Au delà de la culpabilité et du pardon, chacun faisant comme il peut avec ses angoisses, ses névroses, ses failles, sa manière de s’engager… J’ai beaucoup aimé que ce livre soit plus subtil et complexe que je ne m’y attendais. Par exemple, j’ai aimé le rapport que Rebecca entretient dans ses lettres avec son âge, ses questionnements. Vieillir bien, c’est sans doute accepter que la vie soit un changement permanent, et Rebecca s’en rend compte, peu à peu. J’ai beaucoup aimé, plus largement, que les personnages de Virginie Despentes soient des êtres imparfaits, insolents, désobéissants, humains. J’ai beaucoup aimé tous les passages qui racontaient une jeunesse contemporaine de la mienne. J’ai beaucoup aimé que le féminisme y tienne une belle place, mais qu’elle montre aussi sa fragilité, à la manière d’une maigre Antigone. Et j’ai aimé que l’amitié y triomphe, et que ce soit l’espoir qui teinte la fin de cette lecture.
Editions Grasset – 17 août 2022
J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…
Une autre lecture chez… Roseleen