L’homme qui danse
Auteur : Victor Jestin
Éditions : Flammarion (24 Août 2022)
ISBN : 9782080239204
194 pages
Quatrième de couverture
La Plage est le nom de la boîte de nuit d'une petite ville en bord de Loire. C'est là qu'Arthur, dès l'adolescence et pendant plus de vingt ans, se rend avec frénésie. Dans ce lieu hors du temps, loin des relations sociales ordinaires, il parvient curieusement à se sentir proche des autres, quand partout ailleurs sa vie n'est que malaise et balbutiements.
Mon avis
On n’est jamais seul, quand on danse avec quelqu’un.
De 1990, lorsqu’il était enfant à 2019, proche de la quarantaine, Arthur a toujours eu un lien particulier avec La Plage, une boîte de nuit. Mal à l’aise au début, suivant ses camarades et allant là-bas pour ne pas se marginaliser, il a fini par en devenir un pilier. L’homme qui danse… et qui danse bien, se mouvant en rythme quelle que soit la musique, la cadence. Il a apprivoisé ce lieu, s’est laissé approcher et c’est le seul endroit où il est bien. Mais peut-on être heureux en ne vivant que la nuit, pour danser ? Tout cela reste dans le superficiel. Il n’arrive pas à se construire, à mener une relation sur du long terme et chaque fois, la solitude le rattrape, plus violente, plus forte.
Par flashs successifs, on suit Arthur au fil des ans. Son désir d’être quelqu’un, de créer du lien et ses difficultés permanentes d’exister en dehors de La Plage. Comme si le fait de danser éclipsait tout le reste, l’empêchait de vivre en dehors de la piste où il s’exprime, devenant un autre, épanoui, heureux, moteur…
« Ma vie ne tenait qu’à la boîte. Le reste était brumeux, hostile. J’avais peur de tout, de la rue, du travail, de la paperasse, des questions, des visages inconnus en plein jour. J’étais bloqué. »
C’est avec une écriture précise, quasi chirurgicale que l’auteur analyse les ressentis d’Arthur. Le récit est écrit à la première personne et on pénètre encore plus intimement dans ses pensées. Le jeune homme est obligé de s’affranchir de sa famille, des convenances, du regard des autres, du qu’en dira-t-on… Sa passion, son quotidien remplis de la danse en boîte de nuit sont peu ordinaires, il dérange, il est bizarre, presque suspect….
Ce roman présente un homme atypique, qui essaie tant bien que mal, de se réaliser, d’exister par lui-même en assumant ses choix de vie. Mais sont-ils bons ? Où se situe la norme ? Arthur n’est pas toujours heureux mais essaie-t-il de changer quelque chose à son fonctionnement ? C’est ardu car l’inconnu lui fait peur, seule la piste de danse le rassure… Même à La Plage, il évite les coins qu’il connaît moins bien….
J’ai apprécié cette lecture, la rencontre avec cet homme qui danse, de cet univers peu habituel du monde de la nuit où les codes semblent changés. J’ai également aimé le style de Victor Jestin, un peu aérien et accompagné de quelques titres qu’il nomme au fil des pages.
Une belle découverte !