" Octobre aux pigeons bleus vient glacer sur nos lèvres
le jus, poisseux et fort, de nos midis mordus
Des houles de vent haut gonflent et puis soulèvent
la marée des prairies où les pommes ont plu.
Or, levant mes regards vers le nid de la lune
je vis sa feuille d'or rouler par le grand ciel
Telle une feuille d'arbre, insolente et mi-nue
Que pousseraient les vents sur la terre de sel.
Les brouillards, éveillés au bord des marécages
Et qui dansent, la nuit, emmêlés aux feuillages
Contemplaient le voyage et regardaient finir
L'arbre du jeune été parmi ses fruits jaunis. "
Luc Bérimont : extrait de "Le sang des hommes, poèmes, 1940-1983" Éditions Bruno Doucey, 2015.