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Jérémy Lopez au Max de son art

Publié le 02 octobre 2022 par Morduedetheatre @_MDT_
Jérémy Lopez au Max de son art

Critique de Max, de Stéphane Olivié Bisson, vu le 28 septembre 2022 au Théâtre du Rond-Point
Avec Jérémy Lopez, mis en scène par Stéphane Olivié Bisson

C’est évidemment pour le génial Jérémy Lopez que je mourais d’impatience de découvrir Max, un seul en scène autour de la vie de Max Linder, dont je ne savais rien, à part sa ressemblance avec le comédien qui allait l’interpréter. C’était la première fois que je voyais Jérémy Lopez seul en scène, je crois d’ailleurs que c’était la première fois qu’il l’était lui-même, et j’avais entièrement confiance dans son jeu, dans sa puissance d’incarnation, dans le don absolu de ses tripes sur le plateau, pour faire de cette rencontre avec Max Linder un grand moment de théâtre. Et qu’est-ce que c’est bon, un spectacle qui ne nous déçoit pas !

Ce qui marque, lorsqu’on rencontre Jérémy Lopez sur une scène de théâtre, c’est sa présence. C’est la première chose que je me suis dite lorsqu’il ouvre le spectacle. La salle est entièrement plongée dans la pénombre, c’est à peine si on l’aperçoit, et pourtant sa présence inonde immédiatement le plateau. Il l’englobe, il l’occupe, il est partout à la fois.

Ce spectacle est une grande performance. A l’annonce d’un seul en scène de 1h30, alors même que je connais le talent de Jérémy Lopez, j’ai un peu accusé le coup. J’avais peur que la fatigue reprenne le dessus. Mais c’était sans compter cette équation magique du théâtre qui permet au spectateur de puiser toute l’énergie vitale du comédien présent sur scène – et il en donne ! Le texte a bien quelques défauts, il est un peu verbeux par moments et en dit trop, ne laissant pas assez de place aux zones d’ombres du personnages, mais la mise en scène parvient à instaurer un rythme qui fonctionne et qui confère à chaque période de vie du personnage une atmosphère qui lui est propre – et puis, un texte verbeux, quand chaque mot est plus habité que nulle part ailleurs au théâtre, ça reste une leçon.

On entend parfois parler de ces comédiens qui habillent leurs personnages d’une gestuelle incroyable. On entend aussi parler de ceux qui font passer beaucoup simplement par la parole. Jérémy Lopez est l’un des rares comédiens qui possède ces deux qualités à la fois. Il accompagne son étonnante incarnation d’une gestuelle d’une extrême précision. L’artiste et le technicien se mêlent pour donner ce comédien complet qui semble jouer sa vie sur le plateau.

Car c’est de ça qu’il est question, ici. Jérémy Lopez incarne Max Linder avec la nécessité de la vie. C’est terrible pour lui, il doit y laisser des plumes, mais c’est pour moi ce qui donne la plus grande émotion de spectateur. La ressemblance physique avec le personnage, l’urgence vitale qui se dégage de cette incarnation, le fantôme qu’il convoque, on serait presque tenté de penser que la rencontre avec Max n’est pas un hasard. Et lorsqu’arrive le moment tant attendu, la scène muette, l’incarnation ultime, c’en devient une certitude.

Quand le théâtre nous donne l’occasion de passer un moment avec un fantôme. Bravo.

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Jérémy Lopez au Max de son art
© Giovanni Cittadini Cesi

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