
Il suffit d’une image pour que je pense à la page
Que je vais tourner dans ma vie
Peu soucieux des sentiers
Peu soucieux des entraves
Je creuse je ruse je m’use
Pitrerie de gamin resté dans sa bulle
Depuis qu’il a compris la pourriture
Qu’il a perçu la veulerie
D’un monde ivre de glaive et de sang
Se vautre dans les boyaux arrachés
Les effets sanguinolents
D’une planète redevenue barbare
L’arme nucléaire ça rime avec quel mot
Ça rime avec funéraire
mais aussi avec
Nausée horreur lâcheté traîtrise
Bonne conscience
Souffrance
Dégénérescence
Les êtres humains dans leur pleutrerie sont voués à la ruine et à l’asservissement
Dans leur refus de faire la paix
Dans leur soif de vengeance
dans leur mépris de l'existence
Dans leur quête de l’apparence
Jamais ne se relèveront
Jamais ne relèveront les manches
Honneur et dignité sont des valeurs oubliées
Foulées aux pieds
Tout tient à un papier
Tout tient à un code
Tout tient à un vomi
Laisse béton.
J’écris la phrase
Puis observe un silence
Je contemple le silence
Et attends
J’attends que l’instant se dilate
Qu’il m’enveloppe, m'aspire, m'inspire
me respire
Qu’il me pousse vers les choses immédiates qui m’entourent
J’entends les sons
Je discerne les couleurs
Rien ne bouge
Et pourtant tout m’échappe
Et c’est bien comme ça
Je pourrais rester ici indéfiniment
On est bien quand même
Et dire qu’il y en a qui ne croient pas à la beauté
Je ne leur en veux pas
Mais j’aimerais les convaincre
Combien de dispositifs inutiles pourraient être supprimés
De gadgets qui nous détournent de l’essentiel
Nous moisissent de l’intérieur
Piétinent notre liberté
Combien d’équipements consomment nos énergies
Étouffent nos coeurs
Éteignent nos ardeurs
Horreur et désolation
A bas la technologie
A bas les prises électriques
A bas la grande vitesse
A bas les voyages intersidéraux
Restons dans notre village
Et festoyons
Célébrons la vie entre amis
Proches et parents
Le paysage changera subtilement
Avec les saisons
Changera sans d’autre raison
Que celle de réfléchir la lumière du jour
Les brumes effacent les contrastes
Adoucissent les formes
Poétisent la vallée
Il faut retrouver les mots pour dire l’émotion du matin
Simplement, autrement, sincèrement
Pour cela, il faut réapprendre à écouter l’être intérieur qui est en nous
Le mettre en relation avec les éléments du dehors
Tout est question de souffle
Tout est question de temps